Août 2019. À Vimy, Franck Lefèvre parle de son équipe. Puis, d’un coup, il évoque le RC Lens. « Tiens, ils ont fait signé Florian Sotoca, apostrophe-t-il, très enthousiaste. Vous allez voir ce que vous allez voir. C’est le prototype de joueur que j’adore, qui ne renonce jamais. Écoutez bien ce que je vous dis : il va faire mal.» On l’avait écouté religieusement, en demeurant interrogatif sur la capacité du nouvel arrivant lensois à se faire une vraie place au RC Lens.
Franck Lefèvre, l’entraîneur de l’US Vimy, ne tarit pas d’éloges quand il s’agit d’évoquer Florian Sotoca. PHOTO LA VOIX DU NORD – VDN
Dimanche dernier, à 16 h 51, alors que l’attaquant se jette devant le banc pour célébrer son deuxième but face à Reims (4-4), son troisième en L1, on reçoit un texto du coach vimynois : « Égalisation de Florian Sotocaaaa ! ». Avec un smiley plein d’amour pour ponctuer le message. Si Franck Lefèvre suit avec tant d’attention la carrière de l’ex-Grenoblois, c’est d’abord parce que ce dernier lui a causé les pires ennuis. Sur le terrain, s’entend. C’était il y a une dizaine d’années. À l’époque, Franck Lefèvre est entraîneur de la fac des sports de Lille. « Florian, c’était notre meilleur ennemi, se marre le technicien. On avait été champions de France universitaires en 2011. On est allé deux fois ensuite en demi-finales, en 2012 et 2013. On est tombés deux fois sur la fac de Montpellier où évoluait Sotoca. Deux fois, il nous a éliminés. »
Florian Sotoca, auteur de trois buts avec le RC Lens, depuis le début de saison en L1. PHOTO LUDOVIC MAILLARD – PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP
Des Universiades à la Ligue 1
L’entraîneur de l’US Vimy est dithyrambique. Quand il parle de Sotoca, il ne reprend pas sa respiration. Comme quand le joueur a foncé deux fois pour égaliser face aux Champenois. « Il pèse énormément, explique l’ex-coach des étudiants lillois. Il ne lâche jamais. Il nous avait notamment éliminés en marquant un but sur un long ballon vers notre gardien. Ce dernier n’avait qu’à la ramasser mais il a pris trop son temps. Florian a fait une course de trente mètres pour venir le presser, l’a taclé avec l’agressivité qui le caractérise, sans faire faute. Il avait récupéré le ballon pour la pousser dans le but… » Florian Sotoca avait été par la suite sélectionné en équipe de France universitaire et avait participé aux Universiades 2013, l’équivalent des Jeux olympiques pour étudiants. Les Bleus – qui alignaient alors des joueurs évoluant essentiellement en CFA et CFA 2 – étaient même allés chercher la médaille d’or, en battant la Grande-Bretagne (3-2) en finale à Kazan (Russie). L’actuel Lensois, alors âgé de 22 ans, avait ouvert le score, en finale, de la tête. Juste avant de quitter Narbonne pour signer à Martigues, en CFA. Le début d’une longue et âpre ascension vers la Ligue 1.
« J’ai suivi sa carrière depuis le premier jour où on l’a eu face à nous, conclut Franck Lefèvre. Moi, je préfère les Lilian Laslandes (ex-joueur d’Auxerre et de Bordeaux) au Neymar. Florian Sotoca, il donne tout. Quand on connaît le public lensois, il ne peut que lui plaire… » Pas trop rancunier le Vimynois, qui n’a jamais oublié celui qui avait fait si mal à ses élèves en 2012 et 2013.