Lens peut pousser Bordeaux du bord du précipice

Souvenez-vous, ce n’était il n’y a pourtant pas si longtemps. Lors de la quatrième journée de L1, un samedi après-midi de septembre, Lens recevait les Girondins de Bordeaux. Promu contre promesse, l’un des derniers matchs joués en présence de spectateurs. Grâce à Ganago et Kakuta, les Sang et Or trouvaient la clé du coffre-fort girondin (2-1) inviolable depuis le début de la saison.

Neuf mois plus tard, face au même adversaire, les Bordelais joueront « l’un des matchs les plus importants de l’histoire moderne du club », alarme le quotidien local Sud Ouest, inquiet par la situation sportive et financière du FCGB. Mais qu’a-t-il bien pu se passer ?

Avec douze points d’avance sur le barragiste à la trêve, encore devant Lens à la 21e journée, les Girondins ont arrêté de regarder vers le haut sans voir le danger arriver du bas, pensant le maintien acquis. « Pour eux (les joueurs), il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, confie un agent de joueur ce dimanche matin dans les colonnes de L’Équipe. Il y avait un matelas d’avance suffisant. Ils se sont dits
« si on ne fait pas les cons, ça va passer ». Le problème, c’est qu’ils ont fait les cons. » Sur la phase retour, Bordeaux s’est incliné contre tous les candidats au maintien (Nîmes, Strasbourg, Saint-Etienne, Lorient, Nantes). Seul Dijon, pratiquement déjà condamné à l’époque, a cédé (1-3). Ce sont les gamins, pas conditionnés pour ce type de mission, qui ont maintenu l’équipe à flot : Tom Lacoux (19 ans) et Sékou Mara (18 ans), buteur contre Rennes (1-0).

Une victoire importantissime qui permet à Bordeaux de garder son destin en main, malgré une dynamique qui inquiète
 : les Girondins (15e) ont perdu 13 de leurs 16 derniers matchs et ne possèdent que deux points d’avance sur Nantes, où ils ont complètement craqué dimanche dernier (3-0), « tétanisés par l’enjeu », dixit leur entraîneur Jean-Louis Gasset, visiblement à court de solutions. Une équipe « faible mentalement », amoindrie par l’absence de ses cadres sur blessure (Otavio, Koscielny…). Le pari de relancer Hatem Ben Arfa (2 buts/5 passes décisives sur la phase aller, muet au retour) est un échec.

Et il y eut ce coup de tonnerre, le 22 avril : le propriétaire du club, l’Américain King Street, annonce ne plus vouloir « financer » le club six fois champion de France après cette saison. « Le contexte économique lié à la pandémie de la Covid-19 et au retrait de Mediapro a provoqué une baisse sans précédent des recettes des clubs de football français. » Le club se retrouve placé sous la protection du tribunal de commerce de Bordeaux. Déjà tendues, les relations entre les Ultramarines, le principal groupe de supporters du club, et le président Frédéric Longuépée s’aggravent. Une plainte est déposée par le président girondin après la publication d’affiches hostiles à son effigie lors d’une manifestation.

Dans ce climat lourd, plusieurs candidats font quand même part de leur volonté de reprendre le flambeau. Ce dimanche, l’entrepreneur Bruno Fievet a dévoilé au Journal du Dimanche les grandes lignes de son projet. Remettre les supporters, qui se sont sentis mis de côté par King Street, au cœur du club. Côté sportif, le nom de Julien Stéphan (libre) et de Christophe Pélissier (Lorient) circulent. Considéré comme un bâtisseur, ce dernier a fait remonter Lorient de la L2 à la L1 l’an dernier. Pour les Girondins, qui n’y ont plus mis les pieds depuis 1991-1992, c’est toujours bon à savoir…

BORDEAUX (15e) – LENS (6e), 37e journée de Ligue 1, ce dimanche (21 heures), au Matmut Atlantique.

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