Groupe Lagardère: Bolloré en position de force… bien aidé par le président du RC Lens

A l’issue d’un long bras de fer, le groupe Lagardère (Europe 1, Paris Match, Hachette…) a acté mercredi en assemblée générale sa transformation en société anonyme, entraînant pour Arnaud Lagardère la perte de son pouvoir absolu et l’entrée en force de Vivendi et Vincent Bolloré au conseil d’administration.

Le projet de transformation avait été présenté fin avril, pour mettre fin au statut atypique du groupe en commandite par actions, qui rendait l’héritier de Jean-Luc Lagardère indéboulonnable bien que très minoritaire au capital. Menacé de blocage et confronté aux difficultés économiques de son groupe pendant la pandémie, Arnaud Lagardère, 60 ans, a dû céder face aux puissants actionnaires, mais en obtenant un poste de PDG pour six ans.

Joseph Oughourlian, patron du RC Lens, à l’origine de la fronde avec le fonds Amber

Avant ce dénouement, la lutte d’influence a duré pendant des mois entre l’homme le plus riche de France et PDG de LVMH, Bernard Arnault et Vincent Bolloré (Vivendi) allié au fonds britannique Amber Capital (l’initiateur de la fronde contre la gouvernance). Fonds dont le patron n’est autre que Joseph Oughourlian, président et propriétaire du Racing Club de Lens. Selon Le Monde, Amber Capital détiendrait désormais 18 % du capital du groupe Lagardère.

Les deux parrains du capitalisme français lorgnaient sur les actifs stratégiques de Lagardère, groupe propriétaire d’Hachette (3e éditeur mondial), d’une branche de distribution dans les gares et aéroports (Relay), et de médias influents (le JDD, Paris Match, Europe 1). Aujourd’hui, Vincent Bolloré semble avoir remporté la partie.

Un siège au conseil d’administration pour le fonds du patron du RC Lens

Vivendi (premier actionnaire avec 29% du capital) a obtenu trois sièges au conseil d’administration et pourra compter sur celui de Joseph Oughourlian, tandis que Bernard Arnault n’en nommera qu’un seul, comme l’actionnaire historique, le fonds souverain du Qatar (13%).

Le magnat breton est « un atout et pas une menace », a soutenu Arnaud Lagardère, qui a introduit « sans nostalgie » l’assemblée générale visant à « tourner une page » du conglomérat qu’il dirige depuis le décès soudain de Jean-Luc Lagardère en 2003.

Arnaud Lagardère entre au conseil et a obtenu la nomination de Nicolas Sarkozy, l’un des stratèges du projet de transformation grâce notamment à ses liens avec le Qatar et Bolloré, et de Véronique Morali, conjointe de Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac) qui avait investi dans le groupe début 2020. « J’aurais tendance à dire de manière optimiste et positive que les choses ne changeront pas, car l’équipe dirigeante est toujours là », a assuré Arnaud Lagardère.

Arnaud Lagardère détient toujours 14 % des actions

Il ne renonce pas sans « compensation »: lui-même et sa société personnelle se verront attribuer quelque 7% du capital (environ 210 millions d’euros au cours actuel). Avec sa part actuelle, il détiendra donc 14% des actions, de quoi éponger son lourd endettement personnel.

« A l’issue de la transformation, on pourra constater qu’aucun actionnaire ne disposera de la majorité des droits de vote au sein de l’assemblée ou de la majorité des voix au sein du conseil d’administration », avait déclaré le fidèle cogérant du groupe et PDG d’Hachette Pierre Leroy, qui devient directeur général délégué et censeur au conseil d’administration.

Les nouvelles règles de fonctionnement prévoient de plus une majorité qualifiée pour les décisions touchant aux cessions d’actifs, aux questions de nomination, de révocation et de rémunération des membres de la direction. Autre dossier chaud : l’avenir d’Europe 1, dont les audiences sont au plus bas et dont la direction prévoit des « synergies » avec CNews, la chaîne info du groupe Canal+, appartenant à Vivendi.

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