Avec un cœur gros comme ça, les Sang et Or sont toujours là

Comme tous les stades français, le Chaudron, cette légendaire marmite à émotions, était éteint, hier soir. Mais comme, entre autres, le Roazhon Park (0-2), Louis-II (0-3), le Vélodrome (0-1) ou la Mosson (1-2) avant lui, Geoffroy-Guichard a vu Lens lui offrir une soirée de feu où il n’a pas toujours tout maîtrisé, mais a eu le mérite de s’accrocher à son étoile.

Le foot se nourrit de paradoxes. Et la semaine en cours du RC Lens en est un nouvel exemple. Les deux buts précoces des Angevins, dimanche (2-2), parachutés en plein temps fort sang et or, avaient stupéfié les Lensois. Hier, il a fallu bien se pincer pour s’assurer que le Racing, parfois si peu efficace ces dernières semaines, comptait bien deux buts d’avance après la demi-heure de jeu.

Le poison Kalimuendo

D’abord parce que les Verts avaient vendangé tout ce qu’il était possible de manquer (9e, 24e, 31e, 35e, 36e). Surtout parce que le poison Kalimuendo s’était immiscé dans les veines stéphanoises. En sentant les seuls coups qui se présentaient, en provoquant un penalty transformé par Sotoca (0-1, 20e), puis en trouant Moulin d’une frappe sèche à la suite d’un bel enchaînement (0-2, 24e).

C’était flatteur pour les Artésiens. Alors, Aouchiche, ex-équipier et grand pote de Kalimuendo au PSG, déposa son corner sur la tête de Moukoudi (1-2, 40e).

Comme rarement cette saison, Lens manquait de maîtrise. Haise insista à la pause. « On était trop bas, ça s’est régulé ensuite. » Haïdara lui répondit en frappant le montant (56e) et Sotoca tomba sur Moulin (65e). Le Racing, qui aurait bien eu du mal à garder cet avantage sans ce net regain, avait rééquilibré les forces.

Dans ce match imparfait, mais enlevé, le chaos guettait chaque possession. Fofana, surpuissant en deuxième période, fut à deux centimètres de libérer les siens (86e). Mais ce n’était qu’une question de minutes. Comme dimanche à Angers, les Artésiens, portés par leurs entrants, allaient marquer dans les arrêts de jeu. Pour l’estocade, cette fois.

Le premier frisson

de Pereira Da Costa

Banza lançait Michelin, qui offrait au jeune Pereira Da Costa son premier grand frisson en L1 (1-3, 90e+2). « Lorsqu’il est entré, je lui ai dit qu’il avait le droit de marquer », lâcha presque gêné Franck Haise, comme si on aurait pu lui en vouloir de forcer la réussite.

Si Bouanga transforma un penalty pour l’honneur après une main de Medina (2-3, 90e+4), les Lensois hurlèrent un bonheur dont l’écho ricocha très fort sur les parois du Chaudron.

De Metz à Marseille, d’Angers à Montpellier, ce cri ne sera pas passé inaperçu et sonnait comme un nouveau message. « Pourquoi s’arrêter quand on prend autant de plaisir ? », s’interrogea Gradit, alors que ses équipiers se moquaient gentiment de lui au fond de la salle de presse.

À dix journées de la fin, emportés par leur état d’esprit irréprochable, y compris lorsqu’ils affrontent les vagues adverses, les Sang et Or sont toujours là. Et si l’efficacité s’allie enfin à eux, bien malin serait celui qui assurerait désormais qu’ils ne seront pas, en mai, au rendez-vous de leurs nouvelles promesses.

SAINT-ÉTIENNE – LENS : 2-3 (1-2).

Buts : Moukoudi (40e), Bouanga (90e+4) pour Saint-Étienne ; Sotoca (20e, sp), Kalimuendo (24e), Perreira Da Costa (90e+2) pour Lens.

Avertissements aux Stéphanois Moukoudi (20e), Debuchy (26e), Gourna-Douath (67e) ; aux Lensois Banza (77e), Sotoca (84e).

– SAINT-ÉTIENNE : Moulin ; Debuchy (cap.), Moukoudi, Abdou, Kolodziejczak (Trauco, 71e) ; Camara, Aouchiche (Neyou, 71e), Gourna-Douath (Boudebouz, 83e) ; Nordin (Modeste, 61e), Monnet-Paquet (Bouanga, 61e), Abi. Entraîneur : Claude Puel.

– LENS : Leca ; Gradit, Badé, Medina ; Clauss (Michelin, 85e), Cahuzac (cap.), Fofana, Haïdara ; Mauricio (Pereira Da Costa, 75e) ; Sotoca, Kalimuendo (Banza, 75e). Entraîneur : Franck Haise.

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