Gaël Kakuta, Timothée Kolodziejczak, Benoit Assou-Ekotto, Adel Taarabt, Nolan Roux. Autant de joueurs de talent que le Racing Club de Lens n’a pas su garder dans ses rangs. Les dirigeants du club sont loin d’être les seuls responsables de cet exode précoce. Certains joueurs encensés depuis leur plus jeune âge ont voulu grandir trop vite pensant que le RC Lens était trop petit pour eux. Des choix souvent discutables.
L’Equipe de France affronte l’Espagne ce vendredi soir en finale du championnat d’Europe U19 avec la perspective qu’une sélection française remporte un premier trophée depuis la Coupe des Confédérations 2003 remportée par la bande à Jacques Santini. Le renouveau du football français passera peut-être par cette nouvelle génération dans laquelle on retrouve deux anciens fleurons de la formation lensoise : Gaël Kakuta qualifié « de leader technique de l’équipe » par le sélectionneur Francis Smérecki dans France Football et Timothée Kolodziejczak, « le latéral gauche moderne qui aime énormément aller de l’avant ». En verve depuis le début de la compétition, les deux joueurs attendent avec impatience la finale qu’ils n’hésitent pas à qualifier de « revanche » après la cinglante défaite 4-0 infligée par la Roja aux Bleuets en finale de l’Euro U17 il y a deux ans.
Partis trop vite ?
« Quelque chose qui cloche dans la protection de la formation à la française… »
Le président du RC Lens Gervais Martel a encore en travers de la gorge le départ du prodige Kakuta en dépit des règles établies contre le « pillage » des jeunes talents : « Gaël a fait un choix. Il s’est barré du club. Personne ne l’a forcé à parti », déclarait-il dans la Voix des Sports. Son ami et président de Montpellier Louis Nicollin se montre encore plus sec à propos de ce phénomène en vogue : « Des Deschamps, des Desailly, des trucs comme ça, à 18 ans, ils ne sont jamais partis. Maintenant, il y a certains managers qui sont cons comme des bites qui ne pensent qu’à gagner des sous. Mais ils ne rendent pas service aux joueurs. » Les règles ont légèrement évolué depuis quelques années afin de protéger les clubs formateurs. Sepp Blatter n’a jamais caché sa volonté de s’opposer aux puissances du football européen dans ce domaine. « Il faut toucher les clubs là où cela leur fait mal, » expliquait-il, évoquant des sanctions en terme de points retirés en championnat au lieu des traditionnelles amendes. Longtemps en litige, Lens et Chelsea ont eu recours au Tribunal Arbitral du Sport pour régler le dossier Kakuta. Condamné en première instance à verser 1M€ supplémentaire au RC Lens et privé de recrutement durant 18 mois, le club londonien a finalement été relaxé en appel dans cette affaire. Le directeur technique Daniel Leclerq se désole de voir ce phénomène s’installer en toute impunité: « Les éducateurs ont fait leur boulot et ils ne sont pas récompensés. Ce n’est pas normal. Il y a vraiment quelque chose qui cloche dans la protection de la formation à la française… »
Beaucoup d’éloges…
«C’est un vrai talent, un grand talent. Il est très jeune, mais je pense que c’était le bon moment de le faire débuter parce qu’il s’entraîne très bien» déclarait Carlo Ancelotti à propos de Gaël Kakuta après l’avoir lancé dans le grand bain de la Premier League en novembre dernier. Ses coéquipiers à Chelsea sont tout aussi catégoriques. Joe Cole lui promet déjà une grande carrière: « Il est vraiment très doué et je pense qu’un avenir doré l’attend à Chelsea et en équipe de France, » alors que Michael Ballack demandait pour sa part aux journalistes d’aller interviewer l’ancien Lensois plutôt que lui : «Ce n’est pas moi la star… Allez plutôt voir le petit Français. C’est lui la star.» Mais le plus élogieux à son sujet est sans doute John Obi Mikel, peu avare en compliments : « Il montre tous les jours à l’entrainement qu’il est un joueur fantastique. Il a encore beaucoup à apprendre, mais vous pouvez le voir dans ce (premier) match à quel point il est un fantastique joueur. En termes de qualités, je pense qu’il est le meilleur dans le club. » Mais il a beau recevoir toutes les éloges possibles et même certains records de précocité comme celui du plus jeune joueur titularisé en Ligue des Champions à l’âge de 18 ans, 5 mois et 17 jours, il est encore loin de s’être imposé chez les Blues.
… Mais encore beaucoup à prouver
À 19 ans, Gaël Kakuta ne cumule que quatre rencontres au plus haut niveau et le maillot de Chelsea apparaît encore trop grand pour lui. Le parallèle avec Timothée Kolodziejczak saute aux yeux, lui qui n’a revêtu qu’à trois reprises le maillot lyonnais en deux saisons. Le jeune latéral à qui on avait promis un rôle de doublure de Fabio Grosso à son arrivée commence à trouver le temps long : « Si l’OL ne compte pas sur moi, j’aimerais bien être prêté, affirmait-il récemment. Pour l’instant, à mon poste, il n’y a qu’Aly Cissokho. On va voir comment ça évolue, mais j’ai peut-être une carte à jouer. Si c’est le cas, je donnerai mon maximum.» S’ils étaient restés à Lens, Timothée Kolodziejczak et Gaël Kakuta pourraient très bien être à l’heure actuelle les doublures de Marco Ramos et Sébastien Roudet dans un rôle similaire à celui des jeunes Serge Aurier et Samba Sow. De quoi laisser des regrets quant à l’avenir du club. Mais aussi aux joueurs qui avaient certainement l’opportunité de s’imposer plus rapidement au RC Lens.
« Quitte à ne pas jouer, ne vaut-il mieux pas le faire en Angleterre avec un salaire supérieur ? »
Gaël Kakuta n’est pas le seul pensionnaire de la gaillette à s’être émanciper en Angleterre. Adel Taarabt a fait un choix similaire. Malgré deux apparitions avec le groupe pro en 2006 alors qu’il n’avait que 17 ans, il a quitté Lens pour Tottenham. Un choix presque regretté aujourd’hui par l’international qui ne manque cependant pas d’ambitions : « Aller à Tottenham a été une grande erreur, déclarait-il en mars dernier. Je ne veux pas revenir… J’espère jouer pour l’un des quatre gros clubs espagnols la prochaine saison : Barça, le Real Madrid, Valence ou Séville. J’ai des contacts avec de bonnes équipes et je sais qu’elles me veulent. » Pourtant, après quinze mois passés aux Queens Park Rangers, il effectue actuellement la préparation avec les Hotspurs et devrait jouer en faveur du club londonien cette saison. Il y côtoiera Benoit Assou-Ekotto, lui aussi pur produit de la Gaillette. Le latéral gauche avait également choisi de quitter le RC Lens. C’était un an auparavant après avoir jouer 66 matches de Ligue 1 et laisser de belles promesses derrière lui. L’Arrageois de naissance qui a délibérément choisi de se laisser tenté par les Livres Sterling britanniques plutôt que par son amour du maillot a laissé une certaine amertume aux supporters lensois ainsi qu’au président du club : « Il s’en fout de savoir où il joue, ce qui l’intéresse c’est seulement de gagner des thunes. C’est une des raisons pour lesquelles Assou-Ekoto est parti. » Gervais Martel s’emporte également contre le comportement du garçon qui avait donné raison à Gaël Kakuta, au sujet de son départ précoce, en évoquant le peu de temps de jeu laissé aux jeunes du club. L’international camerounais lâchait à cette occasion pour La Voix des Sports une déclaration symptomatique de sa personnalité : « Quitte à ne pas jouer, à galérer, ne vaut-il mieux pas le faire en Angleterre avec un salaire supérieur ? »
Le contre-exemple Nolan Roux
Tout plane en revanche pour Nolan Roux. Lui à la différence des joueurs précédemment cités apparaît comme une véritable erreur de la part de l’équipe technique du club lensois. Le laisser partir est peut-être l’une des plus grosses fautes réalisées sous l’ère Jean-Guy Wallemme. Le buteur de 22 ans était dans une situation difficile à Lens où il était barré par un grand nombre d’attaquants de renom. Lassé de ne pas s’exprimer à un meilleur niveau que le CFA, il a rompu son contrat pour rejoindre un club de de Ligue 2. L’attaquant s’éclate aujourd’hui avec Brest. Ses dirigeants l’ont déclaré intransférable après ses 15 buts en Ligue 2. Alex Dupont, l’entraineur brestois compte sur son buteur pour rééditer sa performance à l’échelon supérieur cette saison : « Il a fait une excellente saison en Ligue 2. Il a été l’un des artisans de la montée. Il a marqué une quinzaine de buts. C’est également aujourd’hui son objectif en Ligue 1 dans une compétition plus relevée. Nolan a également plein de choses à prouver à l’étage du dessus. » Sous le maillot lensois, Nolan Roux n’avait mis que 15 minutes à marquer son premier but avec le RC Lens. Après ces débuts tonitruants, il n’a jamais eu l’occasion de démontrer l’étendue de son talent. Dommage !
Bonus: quelques buts de ces espoirs lensois partis sous d’autres cieux
But de Gaël Kakuta avec la sélection française contre les Pays-Bas lors du premier match de l’Euro U19 (4-1) le 18 juillet dernier. Cliquer sur France-Netherlands 1-0 pour lancer la vidéo.
But d’Adel Taarabt lors de Maroc-Togo (1-1) le 6 septembre 2009 en qualification da Coupe du Monde 2010
Doublé de Nolan Roux le 2 mars dernier pour son premier match avec l’Équipe de France espoir contre la Croatie (3-1)
oué nolan Roux j le regrette lui
domage qu on l’ai plus
mais bon il y trop de monde devant
on aurai dû l’ garder et laisser Eduardo à Gungamps