Trois points inespérés

Du néant jaillit parfois la lumière. Une réalisation inattendue fait parfois oublier une rencontre sans relief. Pollet buteur, Lens vainqueur. Comme un air de déjà vu sur la pelouse de Bollaert. A l’arraché oui, mais un succès qui ramène un semblant d’or sur la parure rougeâtre des artésiens. 

A Lens, il y avait jadis d’impensables renversements de situation. Mais depuis longtemps, le dernier assaut ou encore l’emballement final était réduit à quelques timides tentatives pour désarçonner un adversaire le plus souvent déjà à l’abris d’une mauvaise surprise. Un sentiment d’impuissance mêlé à la frustration avait donc légitimement gagné les réfrigérantes tribunes de Bollaert. Sous des regards dans le vide, blasés par un spectacle quelconque, les 12 000 courageux supporters du soir ont usé de leur seul pouvoir pour afficher leur amour du maillot, leur honte passagère des joueurs. « Siko, bon courage avec ton troupeau » était l’une des banderoles sorties par la Marek. La même où chants, écharpes et drapeaux étaient les seules sources de distraction d’une rencontre d’un faible niveau. Impuissant, Lens se dirigeait alors lentement mais sûrement vers un pâle et heureux 0-0. Car Niort poussait. Sans appuyer, les hommes de Pascal Gastien se sont peut-être vus repartir avec plus beau qu’il n’avait. Trop tôt, peut-être. La faute à David Pollet. Une nouvelle fois peu en verve, bien mal aidé par des attaques placées trop brouillonnes, l’attaquant artésien profitait d’un excellent centre de son capitaine, Yohan Démont, pour reprendre de la tête le cuir. Parfaitement décroisé, il venait terminer sa course dans les toiles humides de Rodolphe Roche. Cruel pour un portier réduit au chômage technique. Amer pour des Chamois Niortais qui dominaient leur sujet.

Lens démarre vite, trop vite…

Pourtant, comme contre Monaco, Lens démarrait très fort cette dixième levée de Ligue 2. En souffrance dans les bas fonds de l’antichambre du football français, le Racing se devait de mettre du coeur à l’ouvrage. Un bloc haut et compact s’affichait dès lors et animait un stade aux tribunes dépourvues de chaleur humaine. Point d’orgue d’une domination avant tout territoriale, cette reprise de Pierre Ducasse arrêtée par Roche (18e). Une occasion pour une débauche d’énergie conséquente, le tarif minimal pour des Sang et Or, il est vrai, une nouvelle fois empruntés dans la construction. L’arrière-garde niortaise, en difficulté les vingt premières minutes, se rattrapaient par la suite, usant notamment de son atout, son impact athlétique. En recherche d’un second souffle, le onze lensois sombrait peu à peu dans l’approximation, et laissait la possession à son adversaire du soir. Ou usait d’un jeu latéral improductif tout en laissant échapper certains ballons brûlants. Sur l’un de, Mouhamadou Diaw décochait une sublime frappe à l’entrée de la surface. D’une lucarne promise, la balle terminait finalement sa course en corner après une magnifique claquette de Rudy Riou. Pas décisif ces dernières semaines, le portier artésien l’a été sur ses terres.

Niort, supérieur techniquement

Diaw, que l’on retrouvait en seconde période. Alors que l’ennui se faisait présent dans les travées d’un Bollaert où l’unique son de cuivre émanant du kop permettait de garder les supporters en éveil, l’avant-centre niortais se testait une nouvelle fois de loin (63e). Ce coup-ci, le cadre se dérobait au grand soulagement d’une défense aux abois. Relativement rassurante avant la pause, la charnière centrale se rappelait au bon vieux temps monégasque ou nantais, cages inviolés en plus. Un jeu à reculons à n’en plus finir, des relances calamiteuses. Le retour de flamme n’était pas loin. L’espoir d’une victoire momentanément envolé et la vision de la zone rouge comme réalité. Car Niort poussait. Avec une pointe de technique et de simplicité en plus, les coéquipiers de Jimmy Roye n’arrivaient cependant pas à ajuster la dernière passe. Et miraculeusement pour un Racing au bord de la rupture, David Pollet est passé par là. Sa tête ne vaut peut-être pas de l’or mais en sauvegarde dix autres. Comme un pansement qui vient se poser sur une blessure à vif. Mais il en faudra d’autres… En terre icaunaise pourquoi pas et avec Sikora, toujours à la tête de l’équipe première.

Laurent Mazure

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