Finalement logique

Après un nouveau revers subi à domicile face à Toulouse, le Racing Club de Lens s’est encore un peu plus rapproché de la Ligue 2. Incapables de transformer leurs rares occasions et terriblement passifs défensivement, les joueurs lensois ont récité une leçon tellement approximative que leur 19e place au classement apparaît finalement comme la plus juste des sanctions.

 

Défaits par une équipe toulousaine qui n’avait plus récolté le moindre point depuis cinq matchs, les joueurs Sang et Or ont fait étalage de toutes leurs limites techniques et tactiques, ce samedi. Souvent porteurs de discours disparates, les dirigeants, entraîneurs et joueurs du club sont cette fois unanimes pour qualifier la médiocre prestation lensoise face à Toulouse, comme l’a justement souligné Laszlo Bölöni à l’issue du match: «l’équipe a exprimé toutes ses faiblesses ce soir». Même son de cloche chez Gervais Martel qui comparait ses joueurs à «des vieillards». «On a touché le fond ce soir» a également concédé le président lensois. Généralement lucide sur le visage affiché par ses coéquipiers, le capitaine Adil Hermach n’y a également pas été de main morte: «on n’est pas bon !». S’il n’a pas fallu attendre cette 27e journée de L1 pour connaître la pauvreté technique de l’effectif Sang et Or, le constat alarmant des carences lensoises est apparu au grand jour face au TFC: Lens n’a tout simplement pas le niveau exigé par la Ligue 1! Incroyablement maladroits en phase offensive (comme sur le "loupé" de Roudet en fin de première période), les artésiens font preuve d’un attentisme défensif affligeant (à l’image de Runje, spectateur aux premières loges de la tête victorieuse de Santander). Naïveté, maladresse et passivité: beaucoup trop de maux pour une équipe qui doit lutter pour le maintien.

Le mental des joueurs doit également être montré du doigt. Alors qu’une révolte collective était attendue, aucun joueur n’a semblé être en mesure de montrer la voie à ses coéquipiers. Martel et Bölöni ont tous deux ciblé le «manque d’enthousiasme» de l’équipe. Ces défaillances peuvent bien sûr être expliquées par l’usure mentale d’un groupe inchangé depuis 3 ans, mais le je-m’en-foutisme de certains n’est assurément pas à minimiser. En effet, comment attendre un investissement irréprochable d’un joueur dont le contrat arrive à terme en Juin? Comment mêler son rendement personnel à la survie d’un club qu’il quittera dans trois mois? C’est ici que les choix des dirigeants peuvent être discutés: pourquoi s’évertuer à conserver dans le groupe des joueurs comme Akalé, Démont, Keita ou Kovacevic qui vivent leurs derniers jours en Artois, alors que certains jeunes (Kondogbia, Pollet, Joseph-Monrose etc.) rongent leur frein, dans l’attente de récupérer les pots cassés? Pourquoi ne pas jouer son dernier va-tout en faisant confiance aux jeunes, dont les prestations ne pourront être pires que celles de leurs "aînés"? Cela aurait en plus le mérite de les aguerrir avant de les lancer dans le grand bain la saison prochaine.

Laszlo Bölöni n’est pas exempt de tout reproche également concernant ses choix tactiques. Si ses convictions défensives ont déjà fait couler beaucoup d’encre, ses récents choix de joueurs sont difficilement défendables. Le coach roumain le reconnaît aisément «J‘ai mis Toifilou Maoulida dans l’axe mais, finalement, c’était un mauvais choix, car ce n’était pas le point sur lequel on pouvait éventuellement s’appuyer Adepte de la stabilité, Bölöni avait pourtant décidé de changer de stratégie par rapport aux entraînements de la semaine, en plaçant de fait Issam Jemaa sur l’aile gauche. Si les matchs servent d’expérimentation de dernière minute, il sera effectivement difficile de créer les automatismes nécessaires aux bonnes prestations collectives.
De plus, pourquoi crier au scandale lorsqu’on annonce Lens comme principal accompagnateur d’Arles-Avignon en Ligue 2? Tour à tour, Caen (vainqueur à Bordeaux), Auxerre (vainqueur du PSG), Nice (vainqueur à Saint-Etienne et contre Auxerre) et Monaco (vainqueur à Bordeaux) ont réussi des performances que les lensois n’ont jamais été en mesure d’imiter. Quoi de plus logique alors, que de voir ces concurrents s’échapper au classement?

 

A l’issue de cette nouvelle défaite, Gervais Martel est donc soudainement descendu de son confortable nuage d’optimisme. Celui qui louait jeudi en conférence de presse, la responsabilité de ses joueurs, a changé radicalement de cap: «Je veux bien perdre et descendre en L2, mais au moins avec dignité». Samedi soir, les «On est en Ligue 2 !» entonnés dans les travées de Bollaert n’ont trompé personne: les fidèles supporters lensois semblent avoir définitivement lâché leurs joueurs. La patience des amoureux du Racing a de nouveau atteint une limite que les habituels beaux discours ne sauront effacer. Le club se meurt et il faudrait désormais un improbable revirement de situation pour éviter le couperet.

Charles Pasart

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