Sarah M’Barek (RC Lens) : « Je n’avais jamais connu ça auparavant »

Ancienne coach de Montpellier (2007-2013) et de Guingamp (2013-2018), Sarah M’Barek, l’une des rares femmes en France titulaire du BEPF (brevet d’entraîneur professionnel de football), avait pris les commandes de la sélection de Djibouti l’an dernier.

Contrainte de mettre un terme à cette dernière expérience pour raisons médicales, elle a été nommée entraîneure de la section féminine du RC Lens, qui a racheté les droits d’Arras FA. Les Sang et Or féminines vont lancer leur histoire en D2 le 6 septembre contre le FC Nantes mais avant cela, Sarah M’Barek s’est confiée sur cette nouvelle aventure.

« Êtes-vous étonnée par l’engouement autour de la section féminine du RC Lens ces derniers jours ?
Cela m’étonne un petit peu. En même temps, quand on connaît l’histoire du RC Lens, on sait qu’il y a de fervents supporters. Le retour de l’équipe masculine en Ligue 1 et l’arrivée des filles, ça fait parler. La création de cette section part d’une volonté, ce n’est pas quelque chose qui est imposé. On voit bien que quand c’est une volonté présidentielle ou du club, ça change tout. Les moyens sont mis, je ne parle pas que de moyens financiers, je parle de la participation des gens autour, l’engouement des gens, la place faite à la section féminine au sein du club. On voit la différence, par rapport à quand c’est imposé.

À quel moment avez-vous été contactée pour entraîner l’équipe féminine ?
Assez tardivement. Ils (les dirigeants) attendaient d’être sûrs que le rachat des droits (d’Arras) allait pouvoir se faire. Ils ont pris contact avec moi quand j’ai su que je ne pourrais plus repartir à Djibouti sur avis médical, juste après le déconfinement. C’était déjà difficile pour moi à Djibouti d’avoir mon traitement (elle a subi une greffe de rein il y a quelques années), il arrivait de France. Avec le Covid, c’était impossible. On s’est mis d’accord pour arrêter même si je les aide à distance, notamment pour trouver un successeur.

« L’objectif est de monter en Première Division, mais pas forcément vite, en fonction de l’évolution de l’équipe »

L’avantage du projet lensois, c’est qu’il ne part pas de zéro…
Arras est un club déjà installé dans le football féminin, avec de l’expérience en Première Division et plusieurs années en Deuxième Division. Il y a des bases solides. Il y avait besoin, comme dans pas mal de clubs féminins, de structurer, de professionnaliser le fonctionnement.

Quel est votre rôle ?
J’ai un rôle assez large. J’ai un rôle de manager générale et entraîneure de l’équipe première. On va tout structurer, des plus petites jusqu’à la D2. On va commencer par la D2, mais on va aussi pouvoir créer notre sport-études et faire de la formation. Pour le moment, l’idée est d’avoir une année de transition et de faire des diagnostics pour pouvoir orienter et cibler les besoins du club et étoffer le staff de l’équipe première et ceux des autres équipes.

Et au niveau des joueuses ?
L’objectif est de monter en Première Division, mais pas forcément vite, en fonction de l’évolution de l’équipe. Il y a déjà un groupe en place. J’ai conservé quasiment la majorité des joueuses. On a eu quelques départs, mais on a recruté sept nouvelles joueuses pour pallier ces départs, étoffer le groupe et doubler les postes. Pour les joueuses, ce sera aussi une année de transition. Il y a quand même un bon vivier dans le Nord. C’est pour ça qu’on veut mettre en place de la formation. Il faut être capable de juger le potentiel réel de l’équipe et voir si on arrive à atteindre nos objectifs d’ici deux ou trois ans.

« On a hâte que ça démarre pour voir si les supporters viendront aussi nous encourager pendant les matches »

Lille aussi a monté sa section féminine il y a quelques années. On sent une envie de développer le foot féminin dans la région.
Tout à fait. C’est déjà une réflexion que je m’étais faite car quand j’étais à Guingamp ou même à Montpellier, j’avais déjà eu l’occasion de recruter des joueuses du Nord. Il y a vraiment de la ressource ici. Il y a un pôle à Liévin qui fonctionne bien et forme de bonnes joueuses, il n’y a pas besoin d’aller chercher très loin. Ensuite, si on est capable de les garder et de leur proposer un bon projet, on aura bien progressé de ce côté-là.

Qu’est-ce que cela vous fait de rejoindre un club emblématique comme le RC Lens ?
Quand je prends un peu de recul sur la petite carrière que j’ai eue, je suis tombée sur des clubs à taille humaine, avec un esprit de famille assez important. Ça reflète aussi peut-être ma personnalité. L’engouement populaire à Lens est extraordinaire. Ça fait quinze jours que je suis arrivée, et je n’avais jamais connu ça auparavant. C’est vraiment extraordinaire. Ça me fait penser à la mentalité anglaise. On a hâte que ça démarre pour voir si les supporters viendront aussi nous encourager pendant les matches. »

publié le 27 juillet 2020 à 16h16

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