Le jour où Lens devint champion de France

Ce jour-là, le samedi 9 mai 1998, dans l’exigu vestiaire réservé aux visiteurs du stade de l’Abbé-Deschamps à Auxerre, l’ambiance est si explosive que Daniel Leclercq, qui a toujours préféré les murmures des bords d’étangs au vacarme assourdissant des enceintes surchauffées, a préféré fuir pour tenter de s’isoler. Loin du bruit assourdissant et de la fureur de ses joueurs occupés à fêter le premier titre de champion de France de l’histoire du RC Lens.

Quelques minutes plus tôt, en obtenant un ultime match nul (1-1) lors de la dernière journée de Championnat en terre bourguignonne sous les ovations des supporters locaux, le « Druide », surnom de Daniel Leclercq, avait laissé échapper une joie toute mesurée au moment de devancer, à la différence de buts, le FC Metz de Robert Pires.

La consécration d’une saison exceptionnelle bâtie sur les cendres d’un exercice 1996-1997 cauchemardesque. « On sortait d’une saison délicate ou l’on avait failli descendre avant que Roger Lemerre et Daniel Leclercq ne reprennent l’équipe », expliqua à l’époque Fred Dehu.

Une fois Lemerre parti à la DTN, le grand blond se retrouva seul aux commandes du navire lensois. Le nouvel entraîneur du Racing décide immédiatement d’imposer sa marque et de changer le style de jeu de son équipe en optant pour un jeu résolument offensif.

« Je leur ai dit que j’étais fier de les avoir dirigés pendant ces 37 premières journées et que s’ils maintenaient l’effort jusqu’au bout, le meilleur était à venir »

Daniel Leclercq à ses joueurs, juste avant la dernière journée de Championnat

Sixième du Championnat à la mi-saison, le RC Lens en prend la tête à l’issue de sa victoire à l’extérieur, lors de la 30e journée, contre… le FC Metz (2-0), alors leader. Il ne la lâchera plus.

Mais les derniers jours de la saison 1997-1998 sont stressants pour toute une région, qui rêve haut et fort de cette issue joyeuse. Quelques jours avant le déplacement chez les joueurs de Guy Roux, le Racing perd la finale de la coupe de France contre le Paris-SG (1-2). « On n’était pas abattus, plutôt ultra-motivés », expliquera Leclercq dans les jours suivants.

« Ce qui doit arriver, arrivera », poursuivra le Druide, qui conclura son discours d’avant-match par ces mots : « Je leur ai dit que j’étais fier de les avoir dirigés pendant ces 37 premières journées et que s’ils maintenaient l’effort jusqu’au bout, le meilleur était à venir. »

Le meilleur sera au rendez-vous grâce au but égalisateur de Yoann Lachor, 22 ans, pur produit de l’école lensoise. Première saison chez les pros. « Quand j’ai marqué, les larmes sont montées, affirmera le latéral lensois dans l’euphorie de la victoire et de la consécration. Et puis ça s’est transformé en sourires et puis en joie. Mais c’est surtout à ma mère que j’ai pensée. Elle regarde tous nos matches à la télé et a toujours peur que je fasse une bêtise qui permette à nos adversaires de marquer… »

La nuit de folie pouvait alors commencer. Elle se poursuivra jusqu’à trois heures du matin au stade Felix-Bollaert, ouvert spécialement pour l’occasion, où près de 30 000 supporters se sont instinctivement rassemblés pour fêter leurs nouveaux héros…

Gervais Martel (à gauche) et Daniel Leclercq célèbrent le titre de champion de France 1998. (FEL PAPON/L’Équipe)
publié le 22 novembre 2019 à 16h58

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