La Ligue 1 retrouve deux habitués : Lorient et Lens, dont les montées sont assurées depuis la décision du Conseil d’administration de la LFP, ce jeudi, d’acter la fin des Championnats. Cela laissera certainement quelques regrets chez leurs poursuivants, tant la lutte s’était resserrée en tête du classement : les cinq premiers se tenaient en quatre points. Mais cette double promotion semble logique, tant sur le plan financier – Lens (35 M€) et Lorient (25 M€, comme Guingamp) avaient les deux plus gros budgets prévisionnels – que sportif.
Lorient, champion pour la première fois de son histoire
Lorient a souvent emprunté le passage entre la Ligue 2 et la Ligue 1, notamment au tournant des années 2000. Mais jamais le club n’avait été champion de France de Deuxième Division. « Vu le contexte, c’est très particulier, note le défenseur Julien Laporte. On s’appelle entre joueurs pour l’instant, on va peut-être faire un visio tous ensemble ce (jeudi) soir. Mais comme on ne le fête pas avec nos supporters, on a dû mal à se rendre compte. Ça n’empêche qu’on est très heureux de retrouver la L1 pour le club, et de la découvrir pour ma part. »
Les Merlus, leaders à l’issue de 21 des 28 journées disputées, ont souvent impressionné lors de la première partie de saison. Cela récompense notamment le pari de Christophe Pelissier, qui a quitté la Ligue 1 et Amiens pour relever le challenge breton. « C’est une joie toute relative dans les moments que nous vivons, rappelle l’entraîneur. On aurait aimé fêter cette montée sur le terrain, avec nos supporters, ça met un petit bémol. En cinq ans, c’est ma quatrième montée (*), ça valide une philosophie, un travail. » L’entraîneur ne croisera pas son ancien club, relégué, lui, en Ligue 2. Son prédécesseur, Mickaël Landreau, n’était pas parvenu à faire mieux que 7e puis 6e, bien loin des ambitions du club, descendu en 2017.
Le FCL restait sur quatre revers lors des cinq dernières journées de Championnat et ne comptait plus que deux points d’avance sur le troisième, l’AC Ajaccio. « On a été 27 fois sur 28 dans les deux premiers, ce n’est pas usurpé, insiste Pelissier. On n’a pas douté, on était juste dans une période moins faste, ça arrive chaque saison. » « Ça reflète une grande tendance, abonde Laporte. On a dominé le Championnat dans l’ensemble. »
Lens tient sa revanche
Lens ne donne pas dans la fin de saison banale ces derniers temps. Déjà, l’an dernier, le club Sang et Or avait échoué dans sa quête de L1 lors des barrages, face à Dijon (1-1, 1-3). « Le temps était suspendu depuis un moment, on ne va pas bouder notre plaisir, assure Arnaud Pouille, directeur général du club. C’est bien pour tous ceux qui nous suivent. La première pensée a été vers tous les supporters, je sais que ça va leur manquer cruellement de ne pas pouvoir avoir ce moment de rassemblement. J’invite tous les supporters à attendre le jour où on pourra fêter ça officiellement. On fixera une date de rassemblement dès qu’on le pourra. »
Cette saison, après un début d’exercice poussif, l’équipe avait fini par trouver la bonne formule, notamment avec son système à trois défenseurs centraux. Le club, qui peut toujours s’appuyer sur la ferveur du stade Bollaert-Delelis (26 666 spectateurs de moyenne cette saison) et quelques joueurs expérimentés (Cahuzac, Leca, Gillet, Mauricio, Robail, Sotoca…), n’a plus quitté le podium depuis fin septembre.
« On ne va pas parler de soulagement pendant cette crise quand est on est footballeur. Même si on ne fait pas la fine bouche »
« Ça s’était bien resserré, confesse Jean-Louis Leca, le gardien lensois. On avait eu un passage à vide qu’on avait commencé à rectifier. On était quand même armés pour aller au bout. On ne va pas parler de soulagement pendant cette crise quand est on est footballeur. Même si on ne fait pas la fine bouche. »
Ce « passage à vide » a coûté son poste à Philippe Montanier, remercié fin février et remplacé par Franck Haise. « Ayons aussi une pensée pour ce staff qui a bossé 26 journées sur les 28, rappelle Arnaud Pouille. Il y a eu des décisions compliquées à prendre, celle-là en est une. On prend des décisions lourdes depuis trois ans. »
C’est la fin du purgatoire pour le RCL, coincé en Deuxième Division depuis 2015 et dans un certain marasme depuis bien plus longtemps encore. « C’était une grosse déception l’année dernière, poursuit Leca. Ramener ce club mythique en Ligue 1, on peut dire que ce groupe-là va faire partie de l’histoire du club. » « Ce qui nous attend est exigeant, a réagi sur le site du club le président Joseph Oughourlian. Nous ferons tout pour être à la hauteur de ce défi exaltant. Nous nous sommes battus pour cela, donc nous serons humbles mais déterminés à tenir notre rang. »
(*) Pelissier était aussi monté de National en L2, puis de L2 en L1 avec Amiens. Avec Luzenac, il avait fini 2e de National en 2014, mais le club n’avait pas été autorisé à monter.
publié le 30 avril 2020 à 19h51 mis à jour le 30 avril 2020 à 20h03