« L’UNFP, par la voix d’un de ses coprésidents, Sylvain Kastendeuch, a expliqué ce lundi que les joueurs professionnels étaient plutôt réticents à reprendre le Championnat. Est-ce le cas de ceux de Lens et quelle est votre réaction de dirigeant à ce sujet ?
Les joueurs de Lens souhaitent reprendre dans de bonnes et saines conditions. Tout le monde sait que si tel est le cas, il faut reprendre. À l’heure actuelle, ces conditions ne sont pas réunies. Donc il est normal que le principe de précaution prévale. On peut comprendre que les acteurs principaux se méfient d’une telle reprise et ne la considèrent pas comme prioritaire. Seule la santé l’est.
Mais il apparaît que ces conditions ne seront pas réunies non plus d’ici au 11 mai, date possible pour une reprise de l’entraînement…
Nous sommes en effet incités à penser qu’il est probable que les conditions ne soient pas réunies pour nous permettre d’aller au bout du Championnat.
Qu’attend donc le foot français, une décision de l’UEFA ce jeudi ?
Il n’y a pas d’union ou d’idée directrice qui émerge des différents pays. Ce qui rajoute à la complexité. Une décision supra nationale dans le contexte d’une pandémie est compliquée à mettre en oeuvre. On le voit dans tout le domaine sanitaire, où chacun envisage de déconfiner selon sa culture et ses infrastructures, pourquoi le football serait-il le seul domaine à y échapper ?
« J’ai du mal à comprendre (les diffuseurs) »
Comprenez-vous que les diffuseurs refusent de payer l’intégralité de leurs droits télé ?
Des gens se sont abonnés pour voir du foot et n’ont pas le produit. Pourtant, je n’ai pas vu de vague de demandes de remboursement. J’ai du mal à comprendre. Il y a quelques mois, il y a eu des reports ou des annulations dus aux mouvements sociaux (gilets jaunes). Mais les paiements n’ont pas été stoppés (une action en justice est toujours en cours). Cette rupture unilatérale met en difficulté les clubs, et notamment ceux qui attendaient d’importants versements en avril et en juin.
Pourquoi votre actionnaire a-t-il souhaité augmenter de 30 M€ le capital du RC Lens dans ce contexte (voir L’Équipe de ce lundi) ?
Il voulait envoyer un signe fort, anticiper les saisons à venir et s’engager dans la durée. Dire « je suis là » et « je rassure tout le monde ». Bien sûr, nous devions passer devant la DNCG le mois prochain et présenter nos comptes de la meilleure des manières. Ce que nos efforts et notre gestion rigoureuse depuis trois ans devaient nous permettre de faire (réduction des pertes, ventes de joueurs anticipées). Mais notre actionnaire a été assez exemplaire en effaçant l’ensemble des dettes du club et en pérennisant son investissement. Ce qui a pour conséquence qu’il abandonne son droit à remboursement. Et s’engage à mettre plus pour avancer. Un des effets connexes est que nous deviendrons ainsi éligibles aux Prêts Garantis par l’État (PGE) grâce à cette situation saine, et non pas par opportunité ou aubaine. Cela va concerner des sommes comprises entre 4 à 5 M€. Et je rappelle que c’est un prêt qu’il faudra donc rembourser. Nous n’abusons pas des aides publiques liées au Covid. Par exemple, nos joueurs ne sont pas complètement au chômage partiel car nous conservons un lien de subordination actif sur eux afin de suivre leur entretien physique. »
publié le 20 avril 2020 à 22h21