Samedi, Lille et Lens vont s’affronter pour la deuxième fois de la saison. Un derby du Nord, certes, mais un derby du Nord qui n’aura plus le même engouement qu’a une certaine époque. D’abord, le retour en Ligue 1 de Valenciennes il y a déjà quelques saisons et la montée historique de Boulogne Sur Mer dans l’élite du football français ont contribué à l’apparition de… 12 derbys du Nord, ce qui fait baisser en quelques sortes, l’enjeu d’un LOSC-RCL. Ensuite, il n’est pas nécessaire de vous rappeler que la descente du Racing en Ligue 2 en 2008 a été la source en quelques sortes d’un apaisement des tensions entre les deux clubs.
Lens et Lille, c’est d’abord un conflit social, la bourgeoisie d’un côté, le populaire de l’autre. Car les quelques quarante kilomètres qui séparent les deux villes ne sont pas le symbole d’une assimilation entre lensois et lillois. A Lille, sans pour autant être synonyme de clichés, régnait à l’époque une atmosphère aisée, où l’on trouve les milieux « chics » de la région où l’on aime à se divertir. A quelques pas de là, Lens, le plein cœur des mines, atteint par les complications de la vie quotidienne. Ces comparaisons, antérieures qu’elles soient, sont toujours présentes aujourd’hui, dans certaines mesures. Non, la misère connue dans le bassin minier n’est plus la même qu’aujourd’hui et ce, bien heureusement, mais les disparités sont encore là. Mais cette ferveur populaire s’en ressent aussi à travers du football. A l’instar d’un Lyon-Saint-Etienne, lillois et lensois sont des supporters différents, car la chaleur humaine de Bollaërt n’a pas d’équivalence à celle du « petit » Stadium Nord de Villeneuve D’Ascq. Bollaërt est d’ailleurs devenu un lieu mythique où l’on aime s’y retrouver, qu’on soit de Lens, de Calais, de Saint-Omer, d’Arras, de Picardie et même… de Lille. A Lille, comme partout dans la région, les fans lensois sont nombreux partout, en témoigne l’affluence moyenne de Bollaërt, près de 30’000 en Ligue 2 la saison dernière. A titre de comparaison, celle du Stadium Nord n’était que de 17’920 lors du même exercice. Mais l’engouement de la région autour du Racing n’est pas nouveau tant le public de Lens est un peu ce qui se fait de mieux depuis toujours en France. Ces derniers temps, si Lens peut s’autoproclamer meilleur que Lille dans une certaine catégorie, c’est bien en terme de public, puisqu’on ne peut pas véritablement considérer le public lillois comme étant du niveau lensois.
Une rivalité tant sociale que sportive
D’un point de vue sportif maintenant, on peut là aussi opposer les deux équipes. Si Lens avait à l’époque de biens meilleurs résultats que son voisin lillois, la tendance semble avoir changée ces derniers temps. Avec une fin de 20e siècle magnifique, concluée par un titre en Ligue 1 ainsi qu’une Coupe de La Ligue, Lens abordait de la meilleure des manières le 21e siècle. Et pourtant, c’est depuis cinq ou six ans maintenant, que les résultats du club lillois apparaissent nettement plus favorables que ceux du RC Lens, avec comme un symbole, la relégation du club artésien en Ligue 2 en 2008. Aujourd’hui encore, les Dogues sont considérés comme concurrents directs à Bordeaux pour le titre de Ligue 1. Avec une série époustouflante fin 2009, où la moyenne de buts inscrits était d’en moyenne 4 buts par match, Lille a débuté 2010 par une série moins impressionnante, la faute à un Gervinho absent, parti rejoindre ses coéquipiers à la CAN. Mais les lensois devront rester vigilants, l’Ivoirien effectuant son retour en Ligue 1 samedi. La magie du duo Hazard-Gervinho pourra donc à nouveau être exploitée lors du derby. Dans un Stadium Nord où Lens n’a jamais gagné, les lensois s’attendent à une partie compliquée. Pour espérer l’emporter lors du derby du Nord, l’un des douze de la saison, les lensois devront faire preuve de courage, de sérieux et de caractère. Avec un effectif assez en deçà de celui de Lille, Lens va tenter de faire plaisir aux nombreux supporters qui auront fait le (court) déplacement en Flandres. Le derby Lille-Lens, le match en tribunes et sur le terrain, peut commencer !
Article Romain Bucquet, Photo football365.fr