Horsjeu.net est une bande de jeunes qui pensent que le football ne doit plus être réservé aux élites intellectuelles. Au sein de cette équipe à la limite du footballistiquement correct, Luisette, fidèle supportrice des sang et or, a pour difficile mission de noter les joueurs du RC Lens avec son coeur et parfois ses nerfs, mais toujours avec humour…
La Lens Académie note AUXERRE-LENS (1-1) – Lien direct
Récit d’une journée « pas comme les autres ».
11h. Les oiseaux font les guignols à la fenêtre, le soleil tente une apparition par l’interstice du store mal descendu : l’irrigation du cerveau commence.
Regard allumé, haleine de Capitaine Caverne, tignasse à la Charles Ingalls. Bref, c’est WE, grosse soirée la veille, donc cerveau en mode Off.
Téléphone.
En général, un coup de téléphone de lendemain de guinse est toujours pénible. C’est soit un parent qui nous rappelle qu’on est attendu chez un obscur arrière-cousin « avec qui on était super proche quand on avait 10 ans » et que « rappelle-toi, on en avait parlé le jour où t’es venu la semaine dernière, tu verras, c’est juste pour quelques heures. C’est important la famille. Et puis, je te rappelle que tu t’es engagé à venir. »
Evidemment, maman n’est pas conne, elle vous a même fait. Elle sait qu’en appelant à cette heure-là, elle pourra vous faire croire n’importe quoi.
« Quoi ? T’es pas au courant ? Mais oui, Loana vient de recevoir le prix Nobel de Chimie. C’est fort quand même, un an jour pour jour après le Goncourt et 3 semaines après la médaille Fields ! »
Enfin, presque n’importe quoi.
Si ce n’est pas maman, c’est forcément un copain pénible, car lui n’est pas sorti la veille. Sinon il dormirait.
– Hey, salut la forme ? Je croyais que tu faisais la gueule, c’est mon 34e appel.
– Oué, désolé, je dormais…
– Pas grave. Bon tu fais quoi cet AM ?
– Euh, ben là jme lève, mal dormi, trop bu…
– Hmm, comme d’hab quoi. Donc tu fais quoi aujourd’hui ? (air impatient d’annoncer une bonne nouvelle. En général les « bonnes nouvelles » des gens trop en forme le dimanche matin sont en réalité des nouvelles de merde)
– Bah, je bouffe ce midi chez les beaux-parents. Apéro, rôti, pinard, fromage, digestif, trou normand, gnôle. Donc a priori, cet AM, je vomis. La routine quoi.
– Arf, c’est con, j’avais un pur plan à te proposer.
– Bah, dis toujours, ça me donnera toujours une raison de m’esquiver, au cas où.
– Ben aujourd’hui, c’est soirée « Comme un symbole », ça se passe à l’ABD.
– Foireux comme nom, c’est quoi le principe ?
– C’est la trame de fond du Auxerre – Lens !!!
– Ah ? (flou intégral, ou désintérêt total, c’est selon)
– Déjà, c’est Pâques. La résurrection du Christ après le coup de pute de Judas et la crucifixion. Tu le vois le rapport ?
– Euh. Non. (Si les 4 litres de Karmeliet enquillés la veille n’aident pas forcément à réfléchir, il est à noter que les gens qui font des devinettes à des gens bourrés sont vraiment des cons).
– Mais si. Lens sort de sa période de Passion.
– Quoi ?
– Mais si bordel, la Passion du Christ.
– La ?
– Mais si la Passion. Tain t’as pas fait ta communion ou quoi ?
– Euh, nan.
– Mais si, le film de Mel Gibson là, où les juifs torturent Jésus et tout le bordel.
Là, très clairement, l’envie de balancer le portable à travers la piaule et de le troquer contre un Alka-Seltzer fait forcément son petit bonhomme de chemin au fond de notre cerveau alcoolisé. Le pote frais le sait, il ne vous laisse pas le temps de réfléchir, et enchaîne.
– Bon, pour faire simple. Lens en a chié ses dernières semaines, et jouer en ce jour de Pâques, c’est un peu le symbole de Résurrection. Un peu comme Jésus après la Passion. Tu sais, les jours qui ont précédé la crucifixion, puis la montée au ciel, la résurrection, tout ça quoi.
– C’est vrai que c’est super simple…
– Mais si, c’est écrit. Aujourd’hui c’est Pâques et en plus on joue dans un stade qui porte le nom d’un curé, tout concorde. Comme un symbole.
C’est fou comme la vie est surprenante. A ce moment de la journée, soit à peine 3 minutes après s’être levé, on en vient à regretter de ne pas avoir promis à sa mère de l’accompagner chez un obscur cousin.
Et c’est ainsi qu’on se retrouve à 16h30 à l’ABD, stade qui porte très bien son nom tant il sent bon le terroir, la campagne… comme un symbole de L2… (mais chut, paraît que Mel Gibson a prévu un scénario plus gai). Bref, on est là, l’hémisphère gauche tentant de pallier l’endormissement de l’hémisphère droit, une bière pas fraîche frelatée dans la main, soleil en pleine face, et donc, le pote, heureux qui comme Ulysse…
– T’imagines le truc. C’est le match de la dernière chance, celui qu’on doit impérativement gagner. Ici, à Auxerre. Le stade où on a gagné notre titre en 98. Si ça c’est pas un symbole.
Le fait que Lens n’ait gagné qu’une seule fois dans son histoire à Auxerre n’a semble-t-il pas la même légitimité symbolique. N’est pas Robert Langdon qui veut.
La soirée « Comme un Symbole ».
On peut dire beaucoup de choses sur les potes, mais dans l’ensemble, c’est vrai qu’ils s’y connaissant en soirée. Et c’est vrai que celle-là était plutôt bien organisée.
Déjà, niveau affluence, ça ressemble pas mal aux Hébreux au sortir des 9 premières plaies d’Egypte. Y’en a même qui sont venus au stade en tracteur. Sympa. Ensuite, le club qui nous reçoit, c’est quand même l’Association de la Jeunesse Auxerroise. Comprendre, Scouts, culs-terreux, cathos et vote à droite. De toute façon, un truc qui commence par « Association de Jeunesse de … », c’est toujours gage de succès. (Pour ceux qui comptent les points Godwin, c’est cadeau).
Enfin, il est vrai que l’AJA a l’air plutôt mal en point. C’est simple, à l’annonce des titulaires, j’en connais pas deux. Un voisin de siège, a priori nourri au jaja local, m’explique que la moitié de l’équipe est sur le flan et qu’ils ont dû appeler les jeunes du cru en renfort. Bon, ça s’annonce pas mal en fait cette soirée me dis-je. Naïvement…
Et oui, car de notre côté, on a toujours la même équipe de bras retournés. Et ça, a priori, le pote organisateur ne l’avait pas prévu. Passons, car il va vite avoir l’occasion de s’en souvenir.
Sur le pré, Lazlö aligne un 11 très porté vers l’avant.
Dans les bois, l’ami Runje revient. Derrière, Varane – Yahia dans l’axe, Bédimo et Démont sur les côtés. Le retour de Yoyo est une volonté claire de jouer haut, tant il est habitué à ne rester derrière que sous la torture. Au milieu, Sow et Hermach joueront les sentinelles, Roudet en 10 devra quant à lui se débrouiller avec les trois chèvres de l’attaque, Eduardo, Akalé, Jemaa.
On commence très bien le match, avec un 1e coup-franc tiré par Hermach dans la boîte et un pressing qui bloque les Auxerrois dans leurs 40 mètres. Les jeunes blancs la jouent organisés et ont pour consignes claires de laisser passer l’orage. Comme un symbole, car il semble que l’orage approche dans le ciel icaunais.
6e minute, premier ballon un poil dangereux, Dudka envoie une merveille d’ouverture dans la surface, Sow s’arrête et laisse passer Boly dans son dos. Tête, but.
Niveau résurrection, on a vu mieux.
Pour une fois, et c’est là qu’on se dit que la soirée est bien faite, parce qu’on y croit quand même, le Racing ne baisse pas les bras et se remet de suite dans le sens de la marche. Quasi sur le coup d’envoi, Akalé mange Hengbart et sert au millimètre Jemaa au second poteau. Ce dernier met tout son talent au service de son jeu de tête pour réussir à ne pas cadrer alors qu’il est à trois mètres du but…
D’ailleurs Jemaa semble littéralement marcher sur l’eau aujourd’hui, comme un symbole. Dans la foulée, il balance un tir aux 18 mètres sorti par Sorin puis remet ça en vendangeant un centre du gauche de Démont pourtant chirurgicalement placé. On lui pardonne, même dans une soirée comme ça, on ne peut pas prévoir que Démont réussirait un centre du gauche.
Comme Jemaa a l’air un peu crevé de transformer chaque action en pain (et non en but), Akalé le supplée en massacrant à son tour une balle en or dans les 6 mètres, alors que le service de Bédimo était à nouveau idéal.
Mi-temps.
A la mi-temps, on se pose quelques questions. Si la soirée « Comme un symbole » semble plutôt à propos, la foudre fendant le ciel à l’horizon, et l’orage noircissant méchamment le décor, on se demande si au final, le pote est bien au courant du thème… A la reprise, les doutes s’évanouissent d’emblée. Le Racing reprend son travail de sape, en insistant sur le côté faible de la défense auxerroise :
Bédimo casse les reins d’Hengbart sur un démarrage éclair, débordement, centre en retrait, reprise de Roudet. But.
On se dit alors que le plus dur est fait et qu’en insistant, les jeunes pousses d’en face finiront par craquer.
En réalité, le Racing baisse un peu de rythme et semble avoir plus de mal à porter le danger. C’est donc assez logiquement que Maoulida rentre en jeu, sous les hourras de la foule. Passons sur le fait qu’il remplace Akalé, plutôt crédité d’un bon match, alors que Jemaa et Eduardo restent sur la pelouse malgré leurs insignifiantes prestations…
Dès sa rentrée, l’ami Toifilou se crée une occasion, sur un tir enroulé à l’entrée de la surface mais Sorin veille. Parallèlement, Auxerre sort doucement la tête de l’eau, Jelen commence à se montrer et comme on joue à huit devant, le moindre contre auxerrois est synonyme d’apnée. Sur l’un d’eux, Jelen fixe la défense et centre pour Samaritano, seul à 5 mètres. Runje sort une parade réflexe et nous évite le pire.
La fin du match est crispante et on a de plus en plus de mal à s’approcher des cages de Sorin. Pollet et Sertic rentrent mais c’est Jemaa à 30 m qui force Sorin à une dernière parade.
Dernière parade, car à la 85e, Hermach envoie un missile de 35 mètres. Sorin est battu, le stade complètement surpris. Barre. Comme un symbole.
L’orage peut bien éclater, on ne marquera plus. On aurait dû gagner ce match 10 fois, un peu comme Brest, un peu comme à Nice, mais on n’y arrive pas.
La L2 est là, elle nous tend les bras.
Le retour est évidemment long et triste. En fond sonore, on apprend en écoutant les ondes FM locales, de la bouche de Gervais que « Mathématiquement, rien n’est fini… gnagnagnagnagna, on y croit encore, blablabla, bel état d’esprit, blablablabla… ».
Sur la route, on a pu lire des panneaux Troyes, Reims, Sedan, Metz, Strasbourg… Putain de Soirée comme un symbole…
Les cloches :
Runje : 3. A deux ballons à jouer. S’il ne peut rien sur le but, il a le mérite de sortir victorieux de son face à face avec Samaritano.
Bédimo : 4. Auxerre jouant très bas, il a davantage passé son temps dans le camp adverse qu’à défendre. Son entente avec Akalé a amené nos plus belles occasions, et il s’est arraché pour servir Roudet sur un plateau. Forcément, quelques largeurs derrière en fin de match.
Yahia : 3. A bien tenu Jelen, sans pour autant en tirer un mérite immense, étant donnée la difficulté de la tâche du Polonais, seul contre quatre…
Varane : 3. comme Yahia, il s’est contenté de couper les quelques ballons envoyés vers Jelen en s’efforçant de relancer proprement.
Démont : 4. Il a très bien tenu son couloir (en même temps, aucun Auxerrois n’est venu l’embêter du match), tout en apportant régulièrement le surnombre devant. Quelques débordements et de belles tentatives de centres mal récompensées, Jemaa’s Rules.
Sow : 1. Pas forcément brillant dans l’entrejeu ni en verve dans ses relances, Samba a surtout eu la mauvaise idée de ne pas suivre Boly sur le but Auxerrois. Rien que pour ça, il mériterait la crucifixion.
Hermach : 5. Match très solide du capitaine lensois. S’il a comme souvent été très bon défensivement, en colmatant les rares brèches laissées au milieu, il a surtout été le catalyseur de toutes les actions lensoises en nous dévoilant un jeu long qu’on a rarement vu cette saison. Un nombre incalculables de transversales, d’orientations, de changements de rythmes, de variations de jeu et d’ouvertures auraient du nous mener à la victoire. C’était sans compter la maladresse de nos attaquants. Las, il a même tenté le coup tout seul, envoyant un obus de 35 m qui a glacé l’ABD. On connaît le résultat…
Roudet. 4. Le pendant d’Hermach dans le jeu court. Si son activité de tous les instants et une volonté de s’arracher jusqu’au bout ont été récompensées par un but, il n’a malheureusement pas su renverser à lui tout seul le sort du match.
Akalé. 3. Hengbart a été à la rue tout le long de la partie, avec, en sus de Bédimo, Akalé sur le dos. De nombreux centres et un bel abattage technique ne nous feront pas oublier son odieux raté en fin de 1e période. Remplacé par Maoulida, il a néanmoins bien raison de râler, surtout quand on voit les perfs d’Eduardo…
Eduardo : 1. Il continue son chemin de croix. Devrait réussir une action fin mai.
Jemaa : 1. S’il fallait un mec pour jouer le rôle de l’agneau pascal dans la reconstitution de la journée de Pâques, je le choisirais sans hésitation pour le sacrifice. Il a trois ballons de but et n’en cadre aucun. Sur une semaine, il nous coûte 4 points…
Les autres.
Maoulida : 3. Une balle dangereuse, sur une frappe enroulée, et quelques déviations mal exploitées. En 20 minutes, il a déjà fait plus que sur toute l’année 2011.
Sertic : NN. Entré trop tard pour faire la décision, et donc être noté.
Pollet : NN. Même analyse que pour Sertic, mais avec l’accent belge.
En face.
Les jeunes ont fait ce qu’ils pouvaient pour obtenir l’essentiel, 1 point. C’est pas forcément mérité au niveau du jeu, mais ils n’ont jamais flanché et montré un état d’esprit remarquable pour une équipe décimée.
L’homme en noir.
Comme il paraît que les arbitres sont nuls, qu’ils faussent le championnat etc… je me permets de mentionner que Mr Castro a été impeccable de bout en bout. Il a laissé jouer quand il le fallait, il a sifflé à bon escient et n’a même pas eu besoin de sortir de cartons pour tenir le match.
Les notes de Hors-jeu sont sur 5…
Oui carrément surtout pour Hermach , Varane et Roudet .
Sévere tout sa
Les notes ne sont pas logiques , pas d’accord !!!