Samedi, le Racing Club de Lens accueille le VAFC pour un match qui s’apparente à une nouvelle étape cruciale dans la course au maintien. A l’issue de la défaite face au LOSC, Franck Queudrue n’avait ainsi pas hésité à recentrer le débat en insistant: «Le maintien ne se joue pas sur ce match à Lille. C’est encore long. Valenciennes, un concurrent direct, arrive la semaine prochaine. Ce sera un rendez-vous important, peut-être même un tournant pour nous». En homme d’expérience, le défenseur lensois souhaitait sans doute prévenir ses coéquipiers de l’importance du rendez-vous à venir.
D’ordinaire festif, ce match entre deux clubs et publics amis, aura donc cette saison l’allure d’une bataille dont il ne faudra surtout pas sortir vaincu. Les franches accolades entre présidents et joueurs des deux clubs seront sans doute éclipsées par l’amère saveur du combat opposant deux concurrents au maintien. Souvent riches en spectacle et jolis buts, les oppositions entre Valenciennes et Lens ont également souvent été le théâtre de "premières" en tout genre. Premier match, premier but ou exception notable, ces derbys ont souvent permis de débloquer un quelconque compteur. A travers ces inaugurations, parfois insignifiantes, revenons sur quatre oppositions entre Lens et Valenciennes, lors des dix dernières années.
14 Décembre 2001, 32e finale Coupe de France
Solide leader de la D1, le Racing Club de Lens se déplace chez son voisin valenciennois, alors pensionnaire du National. Joël Muller aligne son traditionnel 5-3-2 avec Lachor et Coly entourant l’axe Ismaël-Wallemme-Sikora. Offensivement, c’est la doublette Sakho-Diouf qui est soutenue par le milieu de terrain Blanchard, Coridon et Sibierski. Alors que les 2 équipes n’arrivent à se départager, l’entraîneur lensois décide de faire rentrer en jeu un certain Mathieu Bucher, alors jeune joueur de la réserve lensoise. Fils de Denis Bucher (médecin du club), l’attaquant lensois n’a besoin que d’un petit quart d’heure pour exploiter parfaitement une passe en profondeur de Diouf, et remporter son duel avec Xavier Henneuse, le portier valenciennois sorti à sa rencontre. Ce tout premier but du jeune attaquant lensois en professionnel offrait donc la qualification au Racing. On notera que ce but à Nungesser fût l’un des deux seuls buts marqués par Bucher pour le Racing (le second en D1, quelques jours plus tard face à Nantes).
9 Septembre 2006, 5e journée de Ligue 1
Après un début de saison en demi-teinte, Lens reçoit le VAFC à Bollaert pour un match qui permet aux supporters Sang et Or de découvrir une nouvelle tête, celle de Nenad Kovačević. Le serbe, alors tout juste débarqué de l’Etoile Rouge de Belgrade, fête ce soir-là sa première apparition sous les couleurs Sang et Or. Francis Gillot l’aligne aux côtés du capitaine Seydou Keita, et le serbe fait instantanément office de complément parfait du malien. Son envie, sa hargne et son tempérament ravissent déjà les supporters lensois. Le match est rapidement plié avec des buts de Dindane par deux fois (7e, 24e) et Démont (30e) qui mettent à l’abri le Racing. A la 84e minute, Gillot choisit de sortir Kovačević qui reçoit une ovation des travées de Bollaert, indiscutable preuve que la première sortie du serbe sous le maillot lensois a été une franche réussite.
3 Février 2007, 23e journée de Ligue 1
A l’époque troisième de Ligue 1 derrière Lyon et Lille, Lens se déplace à Nungesser pour engranger un maximum de points dans sa course à la Ligue des Champions. La défense Ramos-Coulibaly-Hilton-Bisevac a pour mission de contenir les assaults du duo Savidan-Dufresne. Juste avant la demi-heure de jeu, sur un corner tiré par Démont et après un cafouillage, Eric Carrière ouvre le score en réalisant une tête lobée qui trompe Penneteau. Comme il le signale dans la célébration de son but, c’est tout simplement la première fois qu’il inscrit un but de la tête en match officiel. Le second but lensois est inscrit par Keita avant la mi-temps avant que Savidan ne réduise la marque sur pénalty. Jemaa scellant finalement le score dans les arrêts de jeu. Cette victoire 3-1 allait installer Lens en deuxième position au classement, jusqu’au cruel sprint final qui vit Marseille, Toulouse et même Rennes, devancer les lensois.
23 Janvier 2008, 22e journée de Ligue 1
C’est un Lens relégable qui rend visite à Valenciennes en ce début d’année 2008. Jean-Pierre Papin fait confiance au duo Maoulida-Pieroni pour animer l’attaque Sang et Or. Invaincus à Nungesser, les valenciennois se reposent quant à eux sur Savidan pour mener les offensives Rouges et Blanches. Et à la 34e minute, c’est d’un subtil ‘pointu’ que l’ancien attaquant d’Angers allait trouver la lucarne gauche d’un Runje médusé. Hilton, en bon capitaine, remettait les compteurs à zéro en marquant de la tête juste avant le repos. Mi-temps au cours de laquelle Papin décide de lancer le jeune Kévin Monnet-Paquet, en lieu et place de Pieroni. Choix instantanément payant puisque KMP allait à lui seul, inverser la tendance du match : d’abord en faisant exclure Rippert qui venait de cisailler le jeune lensois. Puis en prenant David Sommeil de vitesse, sur un service lointain de Monterrubio, qui permit à KMP de tromper Penneteau d’un plat du pied dans le petit filet pour son tout premier but en Ligue 1. Malgré quelques frayeurs en fin de match, les lensois remportaient 3 points finalement insuffisants pour se maintenir en L1.
Avec la confiance que semble accorder Laszlo Bölöni aux jeunes du Racing, il ne serait pas étonnant de voir une ligne de plus s’ajouter au livre des "premières", ce samedi. Première titularisation, premier but en L1 ou premier but à Bollaert : les jeunes Varane, Joseph-Monrose, Pollet et Omrani ont sans doute énormément de scénarios en tête, mais en ces temps difficiles, tous les supporters du Racing se contenteront aisément d’une victoire acquise de la plus ordinaire des manières.
Charles Pasart