DERBY, J – 1 Longtemps au coude à coude, le LOSC et le Racing s’affrontent au final pourun match des extrêmes, l’un visant l’Europe, l’autre le maintien. Frères de galère une partie de la saison, Lille et Lens ont finalement suivi des trajectoires opposées. Si le derby disputé début mars a profité au LOSC, le Racing avait depuis quelques semaines déjà commencé à lâcher du lest. Comparatif de deux dynamiques contraires.
Il faut parfois se méfier du vernis. Le brillant succès lillois à Bollaert (1-2), le 11 mars, a semblé coïncider avec la sonnerie du réveil lillois et le début des ennuis pour le Racing. Pour les deux équipes, pourtant, la mécanique est plus compliquée, les ressorts plus profonds. Si leurs trajectoires se sont croisées ce soir-là, elles portaient déjà en elles le germe de tendances sensiblement différentes.
Dans la démarche, d’abord. « Ici, on gère les choses en interne, intelligemment, nous expliquait Ludovic Obraniak avant le déplacement à Marseille. Le club est très "pro" et c’est bien de pouvoir bosser dans l’ombre. » Rigide et mesuré, le LOSC peut parfois exaspérer. Mais il ne verse jamais gratuitement dans l’optimisme. À Lens, voici ce que nous confiait Jean-Pierre Papin juste début mars, avant le derby, et alors que le Racing sortait d’un nul à Auxerre (0-0) : « Lens est dans une série positive depuis janvier car il s’est passé beaucoup de choses : notre jeu s’est amélioré et il y a désormais une volonté de défendre et d’attaquer ensemble. Les gars sont tout simplement en train de démontrer qu’ils ont leur place en Ligue 1 sans aucun problème. »
Traumatisme
Quand il s’est présenté à Bollaert pour le derby, début mars, le LOSC était invaincu en 2008 à l’extérieur. Il n’a fait qu’une bouchée des Lensois, confirmant son net regain de forme. Les Sang et Or n’avaient pas encore perdu la finale de Coupe de la Ligue traumatisante face au PSG, mais leur saison avait déjà pris un mauvais tournant. Encore fallait-il le remarquer. En consultant les chiffres, leur histoire sort des rails le 10 février : ce soir-là, les Lensois atomisent Caen à l’extérieur (1-4), reviennent à un tout petit point du LOSC (30 contre 31) et prennent sans doute trop confiance en eux. Depuis, ils n’ont gagné qu’un seul match de L1 (face à Sochaux, 3-2), en trois mois de compétition, avançant à la triste moyenne de 0.69 point par match… Au cours de la même période, le LOSC n’a pas perdu de temps : 1,92 point par match, des succès de prestige (à Marseille, devant Nancy) et une confiance restaurée. « Les gens nous parlent beaucoup du derby remporté à Lens comme de notre déclic, mais je ne crois pas que cela parte de là , affirme Obraniak. Pour moi, c’est lors du stage du Touquet début janvier que le groupe a rebondi. On a bien parlé ensemble, on a réfléchi à ce qui n’allait pas. » Les deux clubs, malgré leurs efforts au mercato hivernal, n’ont pas réagi de la même façon et surtout sur la même durée après leur automne pourri.
Avec l’arrivée d’un milieu défensif, Rio Mavuba, Lille a sécurisé son jeu et retrouvé un certain équilibre. À Lens, Belhadj, Maoulida et Rémy ont offert un nouveau souffle, de l’assurance technique, mais n’ont pas répondu à toutes les attentes, peut-être mal ciblées : avec 48 buts encaissés, le Racing présente la deuxième plus mauvaise défense de L1. •
PAR ANTOINE PLACER