Les raisons de la descente 2/2

Début 2007, le Racing Club de Lens est en pole position pour arracher une qualification directe pour la Ligue des champions. Depuis samedi soir, les Sang et Or sont en pole position pour occuper les premiers rôles le lundi soir, sur Eurosport, diffuseur des affiches de Ligue 2. Retour sur la descente infernale.
 

Septembre 2007 : Papin, défenseur dans l’âme

Jean-Pierre Papin est là, accompagné de Sébastien Migné, son adjoint à Strasbourg. Après avoir eu besoin de l’expérience de Guy Roux, Gervais Martel compte sur l’enthousiasme du Ballon d’Or France Football 1991. Son histoire en résumé : il est plus dur de maintenir un club en Ligue 1 que de le faire monter de Ligue 2. Inspiré par les maîtres milanais, «JPP» prône un football défensif. Il est seul à la tête d’un effectif qu’il n’a pas choisi. Bollaert s’ennuie fermement et a du mal à comprendre certains choix tactiques, avec de multiples changements de systèmes ou de joueurs. Les Sang et Or affichent leur joie d’avoir retrouvé un technicien proche d’eux. Trop proche, mais aussi trop jeune pour avoir réellement de l’emprise et leur inspirer le respect ? C’est à voir. Lens n’avance pas énormément mais ne pense pas encore au maintien. Le report du derby face à Lille intervient au moment idéal. Etrange. En coulisses, en revanche, la grogne monte doucement. Les entraînements à huis-clos se multiplient et les médias sont mis au régime sec : un seul point presse par semaine, avec un ou deux joueurs choisis par le club et des temps de passage ou un nombre de questions comptés. De quoi agacer des journalistes tolérants avec un club convivial, dit-on, entre deux tapes amicales dans le dos mais aussi des appels parfois menaçants, visant à mettre la pression sur les auteurs d’écrits qui dérangent.

Hiver et printemps 2008 : L’improbable binôme, et la chute

Sentant la difficulté poindre, les dirigeants lensois donnent à Jean-Pierre Papin les moyens de lutter. Toifilou Maoulida et Nadir Belhadj débarquent au mercato, tout comme Daniel Leclercq après une sortie en Coupe de France, face à Niort, futur relégué en National, à Bollaert. L’arrivée du Druide aboutit à la mise en retrait de Francis Collado et, surtout, à la mise sous tutelle plus ou moins déguisée de Jean-Pierre Papin, qui voit Sébastien Migné rejoindre la réserve. A plusieurs reprises, Leclercq et Papin s’étonneront des articles parus dans les journaux. Mais les faits sont là : le Druide dirige les entraînements, effectue la majorité des choix tandis que le rôle de JPP semble parfois être limité. Il se dresse dans la zone technique lors des matches, booste les joueurs, leur donne des consignes. Cependant avec les recrues de Papin, mais aussi Loïc Rémy (souhaité par Leclercq) et les intentions offensives du Druide, Lens a presque tout bon. Les Sang et Or jouent bien, voire très bien et sont à de nombreuses reprises en mesure de prendre trois points. Seulement, ils n’en finissent pas de manquer le coche face à Strasbourg (2-2), Nice (0-0), Nancy (1-2), Toulouse (1-1), Auxerre (0-0), Marseille (3-3), Metz (1-1) ou Monaco (0-0), et s’enlisent dans les profondeurs du classement. Sur les trois derniers mois de compétition, Lens ne remportera plus qu’une victoire en quinze rencontres, face à Sochaux (3-2). Quant à la Finale de la Coupe de la Ligue, elle est marquée par un final arbitral douteux (penalty parisien pour une faute peu évidente d’Hilton sur Luyindula) ainsi que par l’affaire de la banderole anti-Ch’tis.

Sur ce dernier point, le Racing est peut-être parti en croisade à tort dans le domaine social et politique au moment où il avait le plus besoin de se concentrer sur le sportif. Des divergences de vue entre Leclercq et Papin ne tardent pas à intervenir. Les derniers matchs tournent à l’agonie avec la blessure de Dindane (ligaments du genou) et une défaite à Lille (1-2), sous les moqueries des supporters du LOSC, trop heureux de pratiquement expédier le voisin honni en Ligue 2. Une défaite à l’issue de laquelle Toifilou Maoulida, l’homme aux sept clubs, s’attaque aux choix de Daniel Leclercq, pilier des valeurs lensoises. En coulisses, les couteaux sont aiguisés et presque tirés. Certaines composantes se réjouissent de la non-réussite du Druide, décrit comme un homme du passé devant vite retourner à sa retraite de commentateur. La suite est désormais à écrire. Ces derniers jours, Gervais Martel a assumé ses erreurs mais aussi, élégamment celles de certains de ses collaborateurs. Le président lensois s’apprête désormais à faire le ménage avec un budget réduit. Lens avait quitté la Deuxième Division en mai 1991.

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