A l’issue de la nouvelle défaite lensoise en terre bretonne, l’avenir du club du président Martel s’est encore un peu plus assombri. Même si les concurrents au maintien n’ont pas profité de ce week-end pour distancer le Racing (uniquement Nice s’est imposé), le pessimisme s’est clairement emparé de la plupart des fans Sang et Or. Et pour cause, la faiblesse de la prestation lensoise ne laisse augurer d’aucun jour meilleur et il faudrait désormais une véritable révolution pour éviter la descente en L2 qui semble malheureusement promise aux hommes de Bölöni.
Dès son intronisation, le coach roumain avait réussi à instaurer une rigueur défensive et à insuffler un esprit de solidarité à des joueurs en perdition. Il est maintenant devenu primordial d’y mêler une réussite offensive et une animation de jeu performante pour espérer engranger des points dans la course au maintien. Car si l’assise défensive permet dorénavant de grapiller un point comme à Paris ou d’éviter de revenir les valises pleines d’un déplacement à Lille ou Rennes, le compteur de point ne s’alimente que de victoires. Et les retards ne peuvent être comblés avec de simples matchs nuls, qui plus est obtenus de manière sporadique.
Qui dit victoire, dit buts et avant même d’imaginer les filets adverses trembler, les lensois doivent être capables de se créer des occasions et c’est malheureusement là que le bât blesse. A Rennes, les lensois ont tout simplement semblé inaptes à réellement mettre en danger Nicolas Douchez. Mise à part la seule frappe cadrée lensoise signée Jemaa, l’approximation et les trop nombreuses fautes techniques à l’abord de la surface rennaise, n’ont jamais permis aux Sang et Or d’être en position de marquer: mauvaises passes, mauvais contrôles, centres approximatifs, incompréhensions etc. Ces nombreux maux représentent assurément trop de carences pour une équipe qui court après le score.
A cela s’ajoute la qualité intrinsèque des joueurs offensifs de l’effectif. Les artésiens ayant foulé la pelouse de Rennes samedi n’ont jamais réussi à se montrer à leur avantage, quelque soit leur registre respectif. Si Jemaa a montré énormément d’envie et d’activité sur tout le front de l’attaque, il a manqué cruellement de justesse, notamment dans ses passes et dans son rôle de remiseur. A sa décharge, le tunisien semblait beaucoup trop esseulé pour inquiéter à lui seul la solide défense bretonne. A ses côtés, Roudet et Akalé n’ont jamais réussi à créer un décalage: souvent repliés pour effectuer leur charge défensive de travail, ils n’ont jamais su exprimer assez de vitesse pour mettre à mal leurs vis-à-vis. L’ivoirien n’a fait que s’"empaler" sur son défenseur alors que l’ancien valenciennois n’a jamais fait valoir sa "vista" pour servir habilement ses coéquipiers. Autre fait inquiétant: le seul joueur ayant été capable de jouer juste a été Raphaël Varane. Le jeune défenseur central de formation, replacé dans le milieu de terrain pour l’occasion, a en effet été le seul lensois à faire profiter sa technique au service du jeu vers l’avant. Il fut également tout près d’inscrire un but en fin de match. Si les lensois s’en remettent uniquement à leur milieu défensif pour apporter de la présence dans la surface adverse, il y a de quoi s’interroger sur le potentiel offensif de l’effectif. Comme un énième pied-de-nez à l’attaque en berne du Racing, c’est Razak Boukari qui a inscrit le premier but comme pour prouver aux dirigeants lensois qu’ils ont laissé partir la seule véritable arme offensive qu’ils possédaient.
Le visage apathique de Laszlo Bölöni au cours du match de samedi n’est pas anodin: le roumain a sans doute davantage pris conscience de l’ampleur du nouveau chantier qu’il doit entreprendre. C’est ainsi qu’à l’issue du match, il ne cita aucun attaquant dans sa liste de satisfactions : «Mais je retiens aussi, ce soir, de très bonnes choses de notre côté, à l’image de l’excellente partie de Runje ou de Démont, ou encore de Touré qui a fait une très bonne rentrée. Concernant Samba Sow, si, pour son retour, il n’a pas fait un grand match, il revient progressivement. Et je terminerai en félicitant Raphaël Varane, auteur d’un très très grand match…»
Si le système mis en place (avec 3 milieux à vocation défensive) a fait ses preuves en termes de solidité, l’animation devra ainsi être revue, et la solution toute trouvée pourrait alors être de changer les hommes. Le retour d’Hermach pourrait faire renaître la complémentarité du marocain avec Samba Sow et donner un nouveau souffle à l’animation du milieu de terrain. Pour le déplacement à Nice, Maoulida (de retour de suspension) pourrait remplacer Akalé tandis qu’Eduardo aurait l’occasion de retrouver une place de titulaire. Enfin les jeunes Pollet, Joseph-Monrose et Omrani pourraient avoir enfin leur chance d’entrée. Alors que l’éventail de possibilités ne semble pas pléthorique pour le coach roumain, il devra trouver une recette miracle et vite, sous peine de vivre une fin de saison synonyme de calvaire pour tous les amoureux du Racing.
Charles Pasart