Lens – Bordeaux : Quitte ou double

Le RC Lens est au bord du précipice. Opposés samedi soir à Bordeaux lors de 38e et dernière journée du championnat de France, les Lensois n’ont plus leur destin en mains pour éviter une relégation qui plongerait le club et une région dans l’anonymat. Les Sang et Or devront s’imposer face aux Girondins et espérer que Paris ou Toulouse n’en fassent pas autant…

"Lens, c’est plus important que ma santé. Alors oui, j’espère bien être sur le banc samedi soir." Un sacrifice pour éviter le purgatoire? Victime mardi d’un gros coup de fatigue, poussant son cardiologue (celui-là même qui l’avait suivi lors de son infarctus en 1995, Ndlr) à lui interdire le chemin de l’entraînement cette semaine, Daniel Leclercq est prêt à mettre sa santé à rude épreuve en suivant au plus près ses protégés engagés samedi soir contre les Girondins de Bordeaux dans une ultime bataille pour le maintien.

La soirée ne s’annonce pas de tout repos pour le coeur fragile du directeur technique du Racing. Pas plus que pour les nerfs à vif de Jean-Pierre Papin, l’entraîneur lensois, pris à partie jeudi à la Gaillette par une demi-douzaine de supporteurs nordistes lors du seul entraînement de la semaine ouvert au public. Un accrochage verbal qui témoigne de la tension qui couve dans la région artésienne alors que le club n’a plus son destin en main pour échapper à la relégation. Excédé, JPP, qui ne se départit d’habitude que rarement de son sourire, n’avait dans la foulée par le coeur à offrir la réplique aux journalistes. "Je ne dirai qu’une seule phrase car on a déjà beaucoup parlé: je peux vous assurer que l’on fera tout pour gagner et sauver ce qui est encore sauvable (sic). Merci", lâcha-t-il froidement avant de s’isoler.

Bollaert fera le plein

Si elle pourrait ne pas suffire si Paris et Toulouse venaient à l’emporter également, respectivement à Sochaux et contre Valenciennes, une victoire est vivement conseillée aux Lensois face à des Girondins qui disposent eux d’une dernière occasion de coiffer sur le fil Lyon pour le titre de champion de France. "J’ai le sentiment que si on gagne samedi, on va s’en sortir. Je crois surtout en nous, sur ce coup-là", déclarait le week-end dernier Gervais Martel qui, pour ses 20 ans de présidence et les 10 ans du titre de champion de France de son club, ne s’attendait pas à vivre une saison aussi difficile.

"On pourrait dire qu’on ne mérite pas cela mais on y est, ajoutait le président du Racing vendredi devant la presse. On a beau se le répéter, maintenant on est devant le mur, et on va le gravir. Je ne vais pas avoir peur en allant à Bollaert demain (samedi). A priori, les autres équipes qui jouent le maintien ont des matches plus simples, mais ce n’est que de la théorie". Ni angoisse du dénouement ni peur des supporteurs qui seront encore plus de 40 000 samedi soir dans les tribunes pour soutenir leur équipe. "Je ne peux que comprendre leur tristesse et leur attente. Ce sont des gens formidables. Il peut toujours y avoir des excessifs mais il ne faut pas en faire tout une montagne, confiait Martel à propos des petites altercations qui ont émaillé l’entraînement de jeudi. On aurait pu faire un huis clos toute la semaine, mais ce n’est pas Lens. On n’a pas peur de nos supporters. Il y aura des mesures de sécurité mais pas de choses exceptionnelles. Gérer un club c’est aussi prévoir. Sur 20 ans, j’ai connu quelques situations exceptionnelles, mais je n’ai pas peur".

Martel: "Ne pas céder à l’alarmisme"

Et pourtant son club est au bord du gouffre, proche de faire la bascule au sein d’une antichambre de l’élite qu’il avait quittée il y a plus de quinze ans. "Lens en Ligue 2, ce serait une catastrophe pour beaucoup de monde, pour tous les gens qui travaillent au club, pour tous nos supporteurs, pour nous joueurs, reconnaissait jeudi Fabien Laurenti. Un club comme Lens n’a rien à faire en Ligue 2. Lens a des ambitions européennes, l’ambition de reconstruire son stade. Une descente serait une catastrophe. On le sait".

Etonnamment serein, Martel se voulait vendredi mois alarmiste en cas de scénario contraire, lui qui jusqu’alors s’atait toujours refusé à évoquer pareille mésaventure. "On aura encore le soutien de beaucoup de partenaires même si l’on descend en L2. Il faudra faire preuve de beaucoup de sérieux mais il ne s’agit pas de céder à l’alarmisme, avance-t-il. Je ne peux pas vous dire quel sera le budget du club la saison prochaine. Le projet du stade est prêt et imprimé. Il est même comptabilisé. Mais je ne peux pas encore vous dire si l’impact sportif et donc financier affectera aussi le projet du stade. En tout cas, il ne sera pas enterré". Le président nordiste ne pourra pas en dire autant du moral de ses supporteurs…

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