C’est Leroy!

A l’occasion du premier des deux périlleux déplacements qui attendent désormais Lens, les Sang et Or rendent visite au dauphin de la Ligue 1, le Stade Rennais. Les artésiens n’ont déjà plus d’autre choix que de récupérer les trop nombreux points perdus à Bollaert. La défaite face à Sochaux a eu l’effet d’une nouvelle piqûre de rappel sur les supporters lensois. Car si le club est bel et bien malade depuis Mai 2008, chaque week-end tend à nous rapprocher un peu plus d’une catastrophique rechute plutôt que d’un rétablissement complet. Lassés de voir le triste présent de leur club, nombreux sont les lensois à essayer de comprendre l’origine de sa déliquescence. Parmi les raisons souvent évoquées (contrats faramineux, recrutements hasardeux etc.), il est également intéressant de rappeler la perte d’un joueur majeur en la personne de Jérôme Leroy. Alors que les lensois pourraient croiser la route du natif de Béthune ce samedi, revenons sur le départ de l’ex-capitaine lensois et sur ses conséquences tragiques.

Un soir de Janvier 2006, une page d’une importance insoupçonnable à l’époque, se tourne: Jérôme Leroy, alors chef d’Orchestre du jeu lensois ainsi que chouchou de Bollaert, accepte le défi lancé par son ex-mentor au PSG, Luis Fernandez. Et quel défi! C’est en effet au Beitar Jérusalem que le béthunois va désormais faire montre de ses talents, pour le plus grand malheur du Racing… Car ce départ, difficilement compréhensible au regard des ambitions lensoises d’antan (faut-il rappeler que le milieu de terrain était également composé d’un certain Eric Carrière, du grand Alou Diarra, de "Monsieur" Seydou Keita, et du brésilien Jussié, excusez du peu…), a engendré bien plus que la simple perte d’un joueur certes aux connexions neuronales approximatives et surtout à la technique quasi-inégalable! Le Racing finit donc la saison 2005/2006 aux portes de la Ligue des Champions (4e), avec des prestations plus que convaincantes (7-0 contre Auxerre, victoires probantes face au LOSC et au Parc des Princes etc.) mais a surtout emprunté les premières ornières d’un chemin pentu, peu éclairé dont l’issue n’était autre qu’un terrain boueux plus communément appelé "Ligue 2".
Il est évidemment primordial d’inclure à ce marasme lensois, le mercato hivernal 2007 "parfaitement maîtrisé" par Francis Collado, les contrats juteux offerts à certains professionnels qui n’en avaient que le titre (Ramos, Vignal, Tixier, puis Si. Keita et Cie), le fiasco Guy Roux, et surtout le jemenfoutisme manifeste de certains joueurs qui n’ont pas assimilé ce que l’adjectif "lensois" signifiait. Néanmoins, peu de lensois s’y trompent: avec la doublette Carrière-Leroy, cette satanique place de dauphin n’aurait jamais échappé au Racing, un triste soir de Mai 2007 au stade de l’Aube. La virtuelle suite aurait alors été teintée de Ligue des Champions avec Francis Gillot aux commandes, Lens ferait toujours partie des cadors de L1, la femme de Jussié aurait sans doute supporté la pluie deux ou trois années de plus, Gervais Martel aurait levé l’option d’achat sur Loic Rémy etc. A défaut de toutes ces rêveries, Luis Fernandez a décroché son téléphone et a convaincu le brave Jérôme de le rejoindre en Israël. La suite, chacun la connaît: Maoulida et ses bandelettes, titularisations de Ramos, "spectre de L2", défaite à La Rabine, explosions de joie sur un but de Veselinovic à Angers, DNCG, défaites cinglantes face au LOSC et de nouveau "spectre de L2".
En parallèle de cette dégringolade à l’échelle nationale, est née l’intime conviction d’aimer ce club et ces couleurs à jamais, sans aucun échappatoire possible, peu importe les résultats et la manière affichés par les Sang et Or. Certes, il faut parfois quelques temps aux supporters pour faire renaître la flamme, mais ca ne prend jamais plus d’une nuit de sommeil profond! L’espoir de revivre la Coupe d’Europe à Bollaert, de célébrer un titre avec les jeunes pousses de la Gaillette, de voir Pollet enchaîner les buts comme des perles et le sourire clinquant de Samba Sow rayonner, cet espoir-là nous oblige à toujours y croire, à pousser le Racing à chaque match… avec ou sans Leroy.

C’est à cet espoir que doivent se raccrocher les milliers de supporters lensois, et samedi, face aux coéquipiers de Leroy, l’occasion leur sera encore donnée de pousser les leurs et de croire une nouvelle fois à un exploit lensois sur la pelouse d’un concurrent au titre. En attendant d’éventuels jours meilleurs, la survie du club ne pourra que passer par là.

Charles Pasart

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