Jérôme Le Moigne : «On y croit»

«Vous ne nous aviez pas habitués à prendre autant de cartons. Avez-vous musclé votre jeu ?
Peut-être un petit peu. Le coach me l’a demandé. Il voulait que je me fasse respecter. C’était mon rôle de casser les actions, d’être plus agressif dans le bon sens du terme. J’ai pris pas mal de cartons. Cela fait partie du poste.

Vous avez forcé votre nature ?
Le coach m’avait reproché la saison dernière que je suivais le joueur sans aller le tamponner. Il m’a dit que cela ne servait à rien. Il fallait essayer de prendre le ballon et de lui monter dessus. Je me suis fait violence dans ce domaine-là.

C’est un bagage qui vous manquait et la juste évolution de votre jeu ?
Quand j’étais plus jeune à Toulon, Auxerre me suivait. Ils avaient un doute sur ma capacité à gagner des ballons dans les pieds de l’adversaire. Mieux vaut tard que jamais. J’ai ça désormais dans ma palette. Je me sens plus complet à mon poste. Je suis passé d’un poste de numéro huit à celui de numéro six plus reculé. Je suis plus dans l’interception et la lecture du jeu de l’adversaire. Cela permet à l’équipe de lancer des actions de contres.

Occupez-vous un rôle stratégique ?
Oui. C’est un poste que j’aime beaucoup. On est au cœur du jeu. On peut rectifier si l’équipe est coupée en deux et assurer la transition entre la défense et l’attaque. On touche beaucoup de ballons. Je pense réussir une des saisons les plus accomplies de ma carrière. J’ai travaillé pour me mettre au niveau de la L1. J’essaye de savourer à bientôt trente-deux ans.

La situation financière du club vous inquiète ?
On en parlait encore là il y a cinq minutes (l’interview a été réalisée jeudi matin). On n’en parle presque jamais. C’est plus mon entourage qui m’informe. Depuis juin, il n’y a plus trop de nouvelles agréables. On se concentre sur le terrain. On attend. Notre esprit est occupé à préparer les matches. Si on parvient à se maintenir, ça serait un exploit. On peut le faire avec la qualité montrée à chaque match. Pour vous répondre, je n’ai pas d’inquiétude particulière. Je ne vois pas Lens couler.

Bastia est un tournant de la saison ? 

Il nous faut six à sept victoires. Entamer une série contre des concurrents directs. Et valider le nul obtenu à Reims (0-0).

Comment faire sans recrutement ?
On est en plein dedans. A la trêve on savait qu’il fallait deux ou trois recrues. Mais on s’accroche. Personne ne se plaint. On y croit. C’est la nature du groupe. Le challenge du maintien s’avère encore plus difficile. Le mois de février sera hyper important.

A quoi vous raccrochez-vous ?
On est sept équipes à se tenir au classement, à évoluer dans la même catégorie. Et je souligne le contenu de nos rencontres. On bouscule pas mal d’équipes, mêmes des grosses. On n’a pas à rougir de nos prestations, loin de là. On se retrouve seuls contre tous. On n’a rien à perdre puisque tout le monde nous voit perdant. On ne devra rien à personne si on y arrive.»

Propos recueillis par J. DOMENIGHETTI, à Avion (@jdomenighetti)

New Report

Close